En tant qu’analyste politique, je me permets de livrer une lecture critique du discours tenu récemment par l’ancien président de la République démocratique du Congo et sénateur à vie, Joseph Kabila Kabange.
Après plusieurs années de silence politique, cette intervention publique soulève autant d’interrogations qu’elle dévoile de stratégies.
Un discours de repositionnement politique
Le contenu de la tribune publiée par Joseph Kabila dans la presse internationale ainsi que ses prises de parole récentes s’inscrivent clairement dans une logique de repositionnement. À travers une dénonciation virulente de la gouvernance actuelle — qu’il qualifie de dérive autoritaire et d’échec démocratique — M. Kabila tente de restaurer son image de garant de la stabilité, oubliant trop aisément son propre bilan controversé.
Un langage de rupture mais sans autocritique
Ce qui frappe dans ce discours, c’est l’absence totale d’autocritique. Joseph Kabila ne revient à aucun moment sur les problèmes structurels, les conflits armés persistants, ou la corruption endémique qui ont marqué ses mandats successifs. En se positionnant en donneur de leçons, il risque de perdre en crédibilité auprès d’une opinion publique de plus en plus exigeante.
Un double discours préoccupant sur la question sécuritaire
Concernant le M23 et la présence d’armées étrangères, Joseph Kabila a tenu des propos ambigus. D’un côté, il semble prôner la fermeté en appelant à l’expulsion de toutes les forces étrangères. De l’autre, il exprime une forme de compréhension, voire de légitimité, vis-à-vis des revendications du M23. Ce double discours dessert la clarté de sa posture politique.
Conclusion : un retour calculé mais risqué
Ce discours n’est pas anodin. Il s’agit d’un signal fort adressé à la classe politique congolaise, mais aussi à l’opinion internationale. Cependant, si M. Kabila veut réellement peser dans le débat politique actuel, il devra se départir de la posture de victime et assumer une part de responsabilité dans les maux qu’il dénonce aujourd’hui.
Signé : Graddy Oloko
Analyste politique indépendant – Kinshasa