L’annonce faite par le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni de briguer un nouveau mandat lors des élections présidentielles prévues le 12 janvier 2026 a ravivé les débats sur la démocratie, la longévité au pouvoir et l’avenir politique de l’Ouganda.
À 80 ans, après près de quatre décennies à la tête du pays, Museveni ne semble pas prêt à passer le flambeau. Face à lui, une opposition dynamique menée par Robert Kyagulanyi Ssentamu, connu sous le nom de Bobi Wine, tente de rallumer la flamme de l’alternance politique dans un contexte dominé par le contrôle étatique et les restrictions des libertés politiques.
Un éternel recommencement politique ?
Depuis 1986, Yoweri Museveni incarne la continuité du pouvoir en Ouganda. Ses partisans vantent sa stabilité, son engagement dans la lutte contre le terrorisme et la croissance économique progressive du pays. Toutefois, ses opposants dénoncent une dérive autoritaire, des modifications constitutionnelles taillées sur mesure (notamment la suppression des limites d’âge en 2017), et une militarisation croissante de la politique intérieure.
La décision de se présenter de nouveau en 2026, à un âge avancé, témoigne selon plusieurs analystes d’un refus manifeste d’assurer une transition politique pacifique. Museveni se pose non seulement en président, mais aussi en arbitre exclusif du destin ougandais.
Une opposition résiliente mais réprimée
Face à Museveni, Robert Kyagulanyi, jeune chanteur devenu député puis figure de proue de l’opposition, représente un véritable espoir pour une frange importante de la jeunesse ougandaise. À travers son parti National Unity Platform (NUP), Bobi Wine appelle à une rupture avec le système de gouvernance centré sur une seule personne.
Cependant, le parcours de l’opposition reste semé d’embûches : répression violente des manifestations, arrestations arbitraires, blocages des réseaux sociaux, et un système électoral contesté. L’élection de 2021, marquée par la violence et des irrégularités, a laissé peu de place à l’espoir d’un scrutin véritablement démocratique.
Quelles perspectives pour l’avenir de l’Ouganda ?
Trois scénarios peuvent être envisagés :
Le statu quo prolongé : Museveni conserve le pouvoir en 2026 grâce à un appareil d’État totalement sous contrôle. Ce scénario accroît les risques de radicalisation de l’opposition et pourrait conduire à de nouvelles vagues de répression.
L’émergence d’un soulèvement populaire : si la jeunesse, majoritaire dans le pays, se mobilise massivement derrière Bobi Wine, des pressions internes et internationales pourraient forcer un changement politique, voire une transition négociée.
Une transition dynastique ou militaire : Museveni pourrait préparer une succession familiale ou militaire dans les années à venir, en s’appuyant sur des proches, notamment son fils Muhoozi Kainerugaba, déjà pressenti par certains comme dauphin potentiel.
L’avenir politique de l’Ouganda reste incertain. Le pays se trouve à la croisée des chemins : soit il continue à tourner en rond dans un cycle de pouvoir personnalisé et de contestation muselée, soit il s’ouvre à un véritable processus démocratique, porté par une jeunesse avide de changement.
L’enjeu de l’élection du 12 janvier 2026 dépasse donc les simples noms de Museveni et Bobi Wine : il s’agit d’un test décisif pour l’État de droit, la crédibilité des institutions et l’avenir des générations futures en Ouganda.
LA REDACTION