Depuis le début de la deuxième quinzaine du mois d’aout à Goma, un seul sujet préoccupe largement les esprits ; la reprise des cours. Dans la ville touristique, les préparatifs sont en cours. Dans les rues et les ruelles, on peut voir de part et d’autre des étals de marchandises relatives aux fournitures scolaires, aux uniformes et à tout ce qui a trait aux études.
À une semaine de la reprise des cours, un mouvement inhabituel de la population est remarquable : ici tout le monde tente de trouver de quoi rendre propre son enfant lors de la réouverture de l’école. Par ici, des vendeurs ambulants portant des lots d’uniformes en sac à dos. Ils essaient de vendre le maximum d’uniformes pour ensuite aller aussi chercher des fournitures scolaires pour leurs enfants.
Ces commerçants ambulants expriment leur frustration de voir certaines écoles de la place produire elles-mêmes les uniformes pour leurs élèves. « C’est tellement triste de constater que nous ne vendons pas comme il le faut les uniformes, parce que les parents préfèrent aller acheter les uniformes dans les écoles », s’est exprimé un vendeur rencontré au marché central de Goma.
De l’autre, les vendeurs des fournitures scolaires lui semblent mieux se retrouver, ils apprécient tant bien que mal l’engouement que portent les parents face à leur marchandise. Sifa est une vendeuse de fourniture au marché Birere.
Pour elle, ce travail occasionnel lui permet de préparer la rentrée de ses petits frères à sa charge. « Je ne peux pas vraiment me plaindre de ce travail, parce que ces temps-ci, presque tout le monde a besoin de mes produits, bien que mince soit le bénéfice que j’y tire », nous a-t-elle déclaré.
Bien que le gouvernement ait interdit la vente des fournitures dans les écoles, certaines parviennent quand même à faire acheter aux parents les uniformes, et très souvent à un prix bien plus élevé que celui du marché local.
Ayant accueilli une multitude de déplacés, la ville de Goma compte aujourd’hui des milliers d’enfants en incapacité totale de subvenir aux besoins relatifs à la rentrée de classe. Très résilients que sont les jeunes de la ville au pied du volcan, certains d’entre eux se regroupant en des petites associations caritatives ont lancé depuis un moment de lever des fonds pour assister ceux qui n’ont pas le moyen de le faire.
Les enseignants, eux, vont devoir se contenter des 36 dollars majorés à leurs salaires par le gouvernement central. Soulignons toutefois que ceux-ci avaient annoncé le boycott de la rentrée pour que leur situation sociale soit prise en considération par l’État, détériorée depuis l’avènement de la gratuité de l’enseignement de base.
Jospin Chishugi