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Analyse de la crise judiciaire entre Constant Mutamba et Firmin Mvonde

by Zionews

Une crise institutionnelle sans précédent

La confrontation publique entre le ministre de la Justice et le procureur général près la Cour de cassation n’est pas simplement un différend personnel ; elle traduit une crise de gouvernance et de fonctionnement des institutions judiciaires. Le ministre, censé incarner l’autorité morale de la justice congolaise, se retrouve accusé par celui qui incarne le parquet supérieur. Cela crée une confusion inédite dans la chaîne hiérarchique de la justice.

Le paradoxe Mutamba : d’accusateur à accusé

Constant Mutamba s’est illustré ces derniers mois comme champion de la moralisation de la justice, n’hésitant pas à dénoncer ce qu’il appelle un “système mafieux” dans le secteur judiciaire. Mais aujourd’hui, il est lui-même visé par une procédure pour un présumé détournement de fonds publics.

Conséquence :

Cette situation affaiblit sa posture morale et donne du crédit à ceux qui dénonçaient une justice à double vitesse.

Son attitude offensive et son refus de collaborer avec le parquet peuvent être perçus comme une tentative d’intimidation de l’appareil judiciaire, ce qui est dangereux dans un État de droit.

Les risques d’une instrumentalisation politique de la justice

Cette affaire relance la question de l’indépendance de la justice en RDC. Le fait que le procureur général soit également accusé par le ministre d’avoir des “antécédents judiciaires” crée un climat de suspicion généralisée :

La justice devient un champ de règlements de comptes personnels ou politiques.

Le citoyen congolais est en droit de douter de l’impartialité de la procédure judiciaire dans ce dossier.

La procédure de levée d’immunité : entre droit et stratégie

En tant que ministre d’État et député élu, Constant Mutamba bénéficie d’une double immunité (articles 82 et 107 de la Constitution). Toute poursuite nécessite :

Une mise en accusation par l’Assemblée nationale ;

Un respect strict de la procédure pour garantir le principe du contradictoire et la présomption d’innocence.

Le risque ici est que cette procédure soit utilisée comme une arme politique par ses adversaires pour l’écarter du pouvoir, ou à l’inverse, qu’il s’en serve comme un bouclier pour éviter toute reddition des comptes.

Impacts politiques et symboliques

Pour le gouvernement : cette affaire jette une ombre sur l’action du président Tshisekedi en matière de lutte contre la corruption. Comment continuer à parler d’“État de droit” si le ministre de la Justice lui-même est impliqué ?

Pour l’opinion publique : le bras de fer est perçu comme une crise de confiance généralisée dans les élites politiques et judiciaires.

Pour l’Assemblée nationale : elle se retrouve au centre d’une décision hautement politique qui devra être prise dans un contexte de forte pression médiatique et sociale.

Conclusion

Cette affaire Mutamba-Mvonde est plus qu’un scandale individuel : elle est le révélateur d’un malaise profond dans la gouvernance judiciaire congolaise. Il est urgent que :

La justice soit laissée à l’abri des pressions politiques ;

Les procédures soient respectées avec rigueur ;

Le gouvernement agisse avec clarté pour préserver l’intégrité des institutions.

Graddy Oloko,
Analyste politique – Kinshasa

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