Si l’événement a été présenté comme une visite privée ou personnelle, plusieurs questions s’imposent : s’agit-il réellement d’un retour anodin, ou faut-il y voir les prémices d’une stratégie politique de reconquête ou d’influence régionale ?
1. Pourquoi maintenant ?
Pourquoi Joseph Kabila choisit-il précisément ce moment pour revenir dans une région aussi sensible que le Nord-Kivu, alors que la situation sécuritaire est extrêmement tendue, avec la persistance de groupes armés et la pression du M23 ?
Cette visite coïncide-t-elle avec les failles perçues dans la gestion sécuritaire du gouvernement actuel ? Est-ce une manière subtile de réaffirmer sa stature d’homme fort dans l’Est ?
2. Quel message envoie-t-il ?
En se montrant publiquement à Goma, bastion historique de nombreuses tensions politico-militaires, Kabila cherche-t-il à se repositionner comme arbitre de la stabilité dans la région ?
Peut-on interpréter cette présence comme un signe d’influence toujours active du PPRD et du FCC, malgré l’érosion apparente de leur poids politique au niveau national ?
3. S’agit-il d’un test politique ?
Cette visite pourrait-elle servir à mesurer sa popularité réelle dans l’Est du pays, en vue d’un éventuel retour sur la scène politique nationale ?
Les rumeurs sur une possible recomposition des alliances politiques pour 2026 pourraient-elles trouver ici leur première manifestation concrète ?
4. Et la réaction du pouvoir en place ?
Comment le gouvernement de Félix Tshisekedi perçoit-il cette arrivée ? Silence stratégique, indifférence feinte ou inquiétude masquée ?
La visite pourrait-elle perturber certains équilibres locaux, voire catalyser des mouvements d’opposition ou de soutien dans la population et les élites locales ?
5. Quelles implications régionales ?
Sachant l’importance géopolitique de l’Est congolais et l’implication de puissances étrangères dans le conflit, cette visite est-elle aussi un message codé à destination de Kigali, Kampala ou même de certaines chancelleries occidentales ?
L’ancien président cherche-t-il à redevenir un interlocuteur crédible dans les discussions informelles autour de la pacification de la région ?
Conclusion provisoire :
L’arrivée de Joseph Kabila à Goma ne peut être lue uniquement au premier degré.
Dans un contexte où les lignes de fracture sont multiples – sécuritaires, politiques, diplomatiques – toute action d’un acteur aussi central dans l’histoire récente de la RDC mérite d’être interrogée. Est-ce un simple retour dans ses terres d’influence, ou bien le début d’un nouveau chapitre politique que Kabila écrit en silence ?
Graddy Oloko Analyste politique indépendant