La question de la viande de brousse est devenue un sujet de débat crucial à Kananga, capitale de la province du Kasaï Central.
En réponse aux préoccupations sanitaires, les autorités locales ont intensifié les efforts pour interdire la vente et la consommation de viande de brousse, principalement celle provenant des animaux tués dans les villages environnants.
Cependant, cette interdiction soulève de nombreuses inquiétudes, car elle pourrait, à long terme, avoir des effets négatifs sur la population locale, au lieu de remédier efficacement aux problèmes de santé publics.
Premièrement, la viande de brousse constitue une source essentielle de protéines pour de nombreuses familles vivant dans les zones rurales et périurbaines de Kananga.
En l’absence de moyens financiers suffisants pour accéder à la viande industrielle, la viande de brousse reste un produit alimentaire crucial.
L’interdiction de cette viande pourrait entraîner une pénurie alimentaire, exacerbant ainsi la malnutrition dans ces communautés déjà vulnérables, qui dépendent en grande partie des ressources locales pour leur survie quotidienne.
En outre, l’interdiction risque de créer un marché parallèle illégal, où des commerçants sans scrupules pourraient vendre de la viande de brousse de manière non contrôlée et sans aucune garantie sur sa provenance.
Celà présenterait un danger sanitaire bien plus grand que la consommation de viande de brousse elle-même, car ces produits risqueraient d’être contaminés par des maladies, telles que la tuberculose animale ou l’ébola, sans que les consommateurs en aient connaissance.
L’absence de traçabilité et de contrôle sanitaire aggraverait la situation, exposant la population à des risques inconnus.
Une autre dimension du problème réside dans le fait que la viande de brousse provient souvent d’animaux tués dans les zones reculées, où la surveillance sanitaire est quasi inexistante.
Interdire cette viande sans proposer des alternatives viables pourrait entraîner une situation où les populations s’approvisionnent en produits alimentaires non contrôlés, encore plus risqués pour la santé.
Un contrôle renforcé et une sensibilisation à la gestion des viandes de brousse, en lieu et place d’une interdiction pure et simple, seraient sans doute plus efficaces pour protéger la population tout en préservant les habitudes alimentaires locales.
De plus, la chasse et la vente de viande de brousse constituent une activité économique importante pour de nombreux habitants des villages environnants.
Pour ces communautés, cette pratique est non seulement une source de nourriture, mais aussi un moyen de revenus. L’interdiction de cette activité pourrait entraîner une perte importante de revenus pour ces familles, les plongeant dans une pauvreté accrue.
Si l’interdiction doit avoir lieu, elle devrait être accompagnée de programmes de soutien et de formation pour diversifier les sources de revenus des communautés locales, afin de garantir leur bien-être.
Il est essentiel que les autorités adoptent une approche plus nuancée et plus pragmatique face à cette question. Plutôt que de bannir la viande de brousse sans distinction, des efforts devraient être faits pour mettre en place des réglementations claires et des mécanismes de contrôle rigoureux sur la traçabilité des produits animaux.
Cela pourrait inclure la création de stations de surveillance vétérinaire dans les zones de chasse, afin d’assurer que la viande vendue soit saine et ne représente aucun risque pour la population.
Bien que la viande de brousse puisse effectivement représenter un danger si elle est mal contrôlée, l’interdiction totale de cette pratique pourrait avoir des effets dévastateurs sur la sécurité alimentaire et l’économie des populations rurales du Kasaï Central.
Une approche plus équilibrée, combinant réglementation stricte et soutien aux communautés locales, serait sans doute plus bénéfique pour protéger à la fois la santé publique et le bien-être des habitants de cette région.
Nestor Ilo