Lubero, Nord-Kivu – Une attaque d’une violence inouïe a frappé dans la nuit du lundi à ce mardi 9 septembre le village de Ntoyo, localité de Mahoho, à 7 km à l’Est de Manguredjipa, dans le secteur des Bapere (territoire de Lubero).
Selon les premières estimations, plus de 72 personnes ont été tuées dans cette incursion attribuée aux combattants ADF.
Une attaque sur un lieu de deuil
Arrivé tôt sur les lieux du drame, l’abbé Paluku Nzalamingi, curé de la paroisse de Manguredjipa, raconte que l’assaut a débuté vers 22 heures locales. Les assaillants ont surpris les habitants et ouvert le feu sur un lieu de deuil où s’étaient rassemblées plusieurs dizaines de personnes, principalement des membres d’une même famille.
Selon des sources sécuritaires et la société civile, le bilan provisoire fait également état de 16 maisons, 8 motos et deux véhicules incendiés. La fouille se poursuivant, les autorités locales craignent que le nombre de victimes n’augmente.
Un drame annoncé
L’administrateur militaire du territoire de Lubero, le colonel Kiwewa Mitela Alain, a confirmé les faits.
Les habitants attribuent cette attaque à des rebelles venus de Musiola, une zone déjà identifiée comme abritant des mouvements suspects. Le Mwami Eugène Viringa rappelle que depuis plusieurs semaines, les autorités coutumières demandaient aux services de sécurité de fouiller les brousses environnantes, notamment à Manzamba. « Mais personne n’a agi », déplore-t-il.
L’armée et l’UPDF impuissantes
Malgré la présence d’une position de l’armée congolaise et de quelques unités de l’UPDF dans la région, les assaillants se sont retirés après avoir semé mort et désolation. « Comme les civils, les militaires n’ont pu que constater les dégâts », témoignent des habitants.
Des signes précurseurs ignorés
Une semaine avant le drame, des habitants avaient découvert des stocks de vivres — du sel et des boîtes de conserve — dissimulés dans un champ à la périphérie de Ntoyo. Ces indices de ravitaillement des ADF n’avaient pas été pris en compte. Quelques jours plus tard, le village a été la cible d’un massacre d’une ampleur inédite.
Arsene Kavyavu