Chronique | Filles enceintes à l’école : une décision aux conséquences morales ?

La récente décision des autorités de permettre aux jeunes filles enceintes de poursuivre leur scolarité suscite débats et remous dans l’opinion. Si, au premier abord, cette mesure peut sembler progressiste, visant à protéger le droit à l’éducation de toutes, elle soulève néanmoins des interrogations profondes sur les valeurs que nous transmettons à nos enfants, sur la finalité même de l’école, et sur le rapport entre éducation et morale dans le contexte socioculturel qui est le nôtre.

L’école n’est pas un simple lieu d’acquisition de savoirs théoriques. Elle est aussi — et surtout — un espace de formation intégrale de la personne humaine. On y forge non seulement l’intellect, mais aussi l’éthique, l’intégrité et le respect des normes sociales qui fondent une société équilibrée. Dans nos sociétés africaines, où les traditions et les valeurs culturelles jouent un rôle fondamental dans la construction identitaire, il est légitime de s’interroger sur la portée symbolique d’une telle décision.

Permettre à une élève enceinte de poursuivre les cours comme si de rien n’était, n’est-ce pas banaliser un acte qui, en principe, marque une rupture dans le parcours scolaire classique ? N’est-ce pas exposer les autres élèves à un message implicite : « Vous pouvez franchir certaines lignes rouges, l’école vous accueillera toujours les bras ouverts » ? Et cela, dans un contexte déjà fragilisé par la montée de comportements déviants, l’hypersexualisation précoce et l’effritement des repères moraux.

Certains diront que refuser l’accès à l’école à ces jeunes filles serait une double peine, une forme d’exclusion sociale injuste. Et sur ce point, ils n’ont pas tort. Mais faut-il pour autant confondre compassion et cautionnement ? Peut-on protéger sans excuser ? Peut-on éduquer sans corriger ?

Loin de prôner une exclusion brutale, cette chronique invite à une réflexion de fond. Oui, il faut protéger le droit à l’éducation. Oui, il faut accompagner les jeunes mères. Mais l’école ne peut être un sanctuaire neutre où toute faute est tolérée au nom du progrès social. Un équilibre est nécessaire : maintenir la scolarisation des filles enceintes tout en renforçant l’encadrement moral, l’éducation sexuelle responsable, et des mesures qui incitent à la prudence, au respect de soi, et à la discipline.
Car il ne suffit pas de dire aux jeunes filles qu’elles peuvent revenir à l’école. Il faut aussi leur apprendre à ne pas compromettre leur avenir. Et cela, l’école , en collaboration avec la famille et la société — en a la responsabilité.

Par Nestor Fuluma

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