Le 7 avril 1994 commençait au Rwanda le génocide contre les Tutsis, une des pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Pendant trois mois, une entreprise meurtrière allait s’emparer du pays et faire plus de 800.000 victimes.
Aujourd’hui, nous honorons leur mémoire. Nous rendons aussi hommages à nos dix paracommandos assassinés à Kigali que j’ai honorés ce matin à Flawinne. Leur mort mena au retrait de la Belgique de la MINUAR ; retrait qui participa indéniablement à affaiblir la résistance contre la vague meurtrière génocidaire.
L’horreur pouvait se déchaîner sans frein. D’août 1996 à janvier 1997, le Sénat belge fit un travail de recherche sans concession, établissant les responsabilités de la Belgique, depuis l’époque coloniale jusqu’aux événements tragiques de 1994. En 2000, à Kigali, le Premier Ministre Guy Verhofstadt présenta les excuses de la Belgique et il dénonça l’immense responsabilité de la communauté internationale toute entière.
En 2019, le Premier ministre Charles Michel déclara lors de la commémoration des 25 ans du génocide contre les Tutsis : « Je me tiens devant vous au nom d’un pays qui veut aussi assumer les yeux dans les yeux sa part de responsabilité face à l’Histoire ». Nous n’oublions pas ces paroles, elles nous obligent encore aujourd’hui. Ce ne furent d’ailleurs pas que des paroles, il y eut aussi des actes. Des responsables de crime de génocide ont été poursuivis par la justice belge.
A ce jour, sept procès d’assises liés au génocide contre les Tutsis ont été menés à bien en Belgique et douze personnes ont été reconnues coupables. Plusieurs affaires sont encore en cours d’instruction ou d’enquête actuellement. Il faut continuer ce travail indispensable de vérité et de lutte contre l’impunité. Cela passera par une coopération judiciaire exemplaire entre la Belgique et le Rwanda que je souhaite préserver à tout prix.
L’idéologie génocidaire est un poison qu’il faut combattre sans relâche. En 2019, la Belgique a adopté une loi unique criminalisant le négationnisme au sujet du génocide contre les Tutsis. Cette loi stipule que toute personne qui nie, minimise ou justifie le génocide des Tutsis peut être poursuivie pénalement. Cela inclut des discours, des écrits ou d’autres formes d’expression qui cherchent à remettre en question la réalité de ce génocide. Son application systématique doit être recherchée. Cette idéologie doit aussi être combattue partout dans le monde et en particulier dans la région des Grands Lacs.
L’Union européenne a pris des sanctions à l’encontre des individus qui sont responsables de la propagation de l’idéologie génocidaire ainsi que de la haine ethnique en RDC. A cet égard, la Belgique continuera de peser de tout son poids pour que des sanctions soient prises au niveau local et international. La Belgique a ainsi dénoncé à de nombreuses reprises la collaboration entre les forces armées congolaises et la milice FDLR composée d’ex-génocidaires : celle-ci est inacceptable et doit stopper immédiatement.
Telles sont la position et l’action de la Belgique suite à cette tragédie qui heurte encore notre humanité, 31 ans après les faits. Je veillerai à ce que la Belgique ne dévie pas de cette voie, peu importe les circonstances.
Mais il est tout aussi clair que nos tensions actuelles avec le Rwanda ne peuvent en aucun cas être présentées comme le fruit d’une négation du génocide ou d’une nostalgie coloniale. En ce jour de commémoration des victimes du génocide contre les Tutsis, ne les oublions pas et, ensemble, faisons en sorte que cela ne se répète jamais.