CONFLIT À L’EST DE LA RDC : À DOHA, LES REBELLES DE L’AFC/M23 REVENDIQUENT HUIT ANNÉES DE GOUVERNANCE DU NORD ET SUD-KIVU

lors que l’espoir d’un retour à la paix semble encore fragile dans l’Est de la République Démocratique du Congo, les négociations entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle AFC/M23 se poursuivent à Doha, sous l’égide de la médiation qatarie. Ces pourparlers, entamés depuis plusieurs mois, visent à mettre fin à une crise sécuritaire qui dure depuis plus d’une décennie et qui continue d’endeuiller les populations congolaises.

Une revendication qui choque

Selon plusieurs sources proches de la délégation congolaise, certaines exigences du M23 restent soigneusement dissimulées du grand public. Parmi les plus controversées, figure une revendication révélée récemment par le média 7sur7.cd : l’AFC/M23 exigerait rien de moins que la gestion exclusive des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu pour une période de huit ans. Une exigence immédiatement rejetée catégoriquement par les autorités congolaises, qui y voient une tentative de partition de facto du territoire national.

Une telle demande, si elle venait à être officialisée, constituerait une atteinte grave à la souveraineté nationale et un précédent dangereux pour l’unité territoriale de la RDC. Elle soulève par ailleurs une question de fond : comment une rébellion armée, accusée de multiples exactions contre les civils, peut-elle aspirer à gouverner des provinces entières sans rendre justice ni exprimer de repentance ?

Le piège des négociations déséquilibrées

Les médiateurs qataris, dans leur rôle de facilitateurs, insistent pour leur part sur la nécessité d’aborder les causes structurelles du conflit : la question de la représentation politique des communautés locales, la gouvernance minière, les rivalités régionales et l’implication présumée de puissances étrangères. Toutefois, ces négociations risquent de se transformer en une tribune de légitimation d’un groupe armé si le cadre reste flou et permissif.

Le précédent de l’intégration militaire du M23 dans l’armée nationale (FARDC), en 2009, n’a pas empêché la reprise des hostilités en 2012, ni celle de 2022. Le gouvernement congolais devra tirer les leçons du passé : toute concession sans garantie, ni désarmement effectif, ni justice transitionnelle, ne fera que prolonger le cycle de violence.

Vers quel avenir ?

La RDC se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins : céder à une logique de chantage armé ou tenir fermement au principe de l’unité nationale et de la souveraineté. Si le dialogue reste essentiel, il ne peut se faire au détriment de la dignité de l’État congolais. La paix ne se construit pas en récompensant les armes, mais en restaurant la justice, la sécurité et la confiance entre les institutions et les populations locales.

Le peuple congolais attend des autorités qu’elles fassent preuve de fermeté stratégique et de lucidité diplomatique. La paix est possible, mais elle ne peut être négociée sous la menace.

Graddy Oloko – Analyste politique indépendant, spécialiste des dynamiques sécuritaires en Afrique centrale

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