Déclin fonctionnel de l’abattoir de Tshikapa : une infrastructure stratégique transformée en marché de fortune

Dans la ville de Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï en République Démocratique du Congo, l’abattoir municipal, autrefois infrastructure clé pour l’approvisionnement en viande de qualité, a progressivement perdu sa vocation initiale.

Construit pour garantir un abattage contrôlé dans le respect des normes sanitaires, ce site vital pour la chaîne agroalimentaire locale se trouve aujourd’hui dans un état d’abandon préoccupant. La détérioration progressive de ses installations reflète un désengagement des autorités et un manque d’entretien chronique.

Au fil du temps, l’abattoir a cessé d’être utilisé pour l’abattage du bétail, faute de moyens techniques, de personnel qualifié et d’investissements publics. Sans encadrement ni réhabilitation, le site s’est vidé de sa fonction principale. En l’absence d’une alternative organisée, les boucheries de la ville s’approvisionnent désormais de manière informelle, souvent dans des conditions sanitaires douteuses, augmentant ainsi les risques pour la santé publique.

Aujourd’hui, l’espace jadis destiné à l’abattage du bétail s’est transformé en un marché de fortune, où l’on retrouve vendeurs de légumes, de farine et autres produits agricoles. Cette mutation informelle a été dictée par la demande croissante en espaces commerciaux dans une ville en pleine expansion, mais elle traduit aussi une réaffectation anarchique du patrimoine public. L’abattoir ne conserve plus aucune trace de son rôle initial, si ce n’est la structure physique partiellement délabrée.

Cette reconversion improvisée soulève des préoccupations majeures, non seulement sur le plan de la sécurité alimentaire, mais aussi en matière de gestion urbaine. L’absence de régulation dans cette occupation de l’espace expose les marchands et les consommateurs à des conditions d’hygiène déplorables. De plus, cela empêche toute tentative sérieuse de réhabilitation, car l’espace est désormais utilisé de manière continue par une population commerçante qui s’y est installée sans cadre légal.

Face à cette situation, il est impératif que les autorités provinciales et municipales réévaluent l’usage de cet espace stratégique. Une politique de réhabilitation ciblée pourrait permettre de restaurer l’abattoir dans sa fonction initiale ou de le reconvertir officiellement dans un usage alternatif planifié et encadré.

La redynamisation de ce site pourrait jouer un rôle clé dans le développement local, en assurant un approvisionnement alimentaire sécurisé tout en favorisant l’économie locale de manière organisée.

Nestor Ilo

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