L’Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR) de Kamuesha, implanté dans la ville de Tshikapa, est censé jouer un rôle stratégique dans la formation des cadres destinés à impulser le développement rural en République Démocratique du Congo.
Cependant, l’état actuel de cet établissement laisse entrevoir une crise profonde, tant sur le plan académique qu’institutionnel. Loin d’incarner une institution d’excellence, l’ISDR Kamuesha s’apparente de plus en plus à une “poubelle scientifique” où la rigueur, l’innovation et la qualité de l’enseignement font cruellement défaut.
Sur le plan pédagogique, les programmes de formation accusent un retard considérable, tant dans leur contenu que dans leur méthodologie. Les cours sont dispensés sans véritable mise à jour, et les outils pédagogiques demeurent obsolètes. L’absence d’un corps professoral qualifié et stable, conjuguée au manque de ressources bibliographiques et technologiques, contribue à produire des diplômés à faible niveau de compétence, inadaptés aux exigences du terrain et du marché de l’emploi.
Les conditions d’apprentissage sont également alarmantes. Les infrastructures sont délabrées, les laboratoires inexistants, et les bibliothèques presque vides. Dans un contexte où le développement rural repose sur des approches pratiques et intégrées, l’absence d’un minimum d’équipements compromet sérieusement toute velléité de formation effective. Cette carence matérielle révèle une négligence institutionnelle criante qui mine l’objectif fondamental de l’institut.
Au-delà de la faiblesse académique, l’ISDR Kamuesha souffre d’un déficit de gouvernance. La gestion interne est souvent marquée par le clientélisme, la politisation de l’administration, et des pratiques de corruption qui affaiblissent la crédibilité de l’institution.
Ce dysfonctionnement structurel décrédibilise les diplômes délivrés et jette un discrédit sur les anciens et nouveaux étudiants, devenus victimes d’un système éducatif vidé de sa substance.
Face à cette situation, il devient impératif que les autorités compétentes procèdent à une réforme en profondeur de l’ISDR Kamuesha. Sans une restructuration sérieuse, cet institut continuera de produire des diplômés sans impact, contribuant ainsi à l’extension du sous-développement qu’il était pourtant censé combattre.
L’avenir du développement rural en RDC passe nécessairement par la revitalisation des institutions de formation, à commencer par celles comme l’ISDR Kamuesha.
Nestor Ilo