L’aéroport international de Goma, actuellement sous contrôle de l’AFC/M23, demeure au cœur d’un vif débat sur la souveraineté nationale.
Pour l’analyste politique Jean-Paul Soko, sa réouverture dans les conditions actuelles représenterait bien plus qu’une mesure logistique ou humanitaire : elle constituerait « un précédent dangereux », assimilable à une reconnaissance implicite de l’occupation.
Selon lui, un aéroport ne se limite pas à une simple infrastructure : il incarne l’autorité et le contrôle d’un État sur ses frontières. « Dans tout État moderne, contrôler un aéroport revient à contrôler ses frontières et son espace aérien », rappelle-t-il. L’absence des services publics nationaux, tels que la DGM, la DGDA ou la RVA ,équivaudrait, selon lui, à une perte d’autorité de l’État sur un point stratégique.
Jean-paul Soko estime que rouvrir cette plateforme aéroportuaire sans le retour préalable des institutions étatiques créerait une ambiguïté diplomatique. Une telle décision pourrait être perçue comme une forme de légitimation du contrôle rebelle, fragilisant la position de Kinshasa sur le plan régional et international.
Sur le plan économique, l’analyste met en garde contre le risque de voir l’aéroport devenir un couloir pour la contrebande minière, l’importation d’armes et d’autres trafics, renforçant les capacités logistiques et financières de la rébellion au détriment des recettes nationales.
Il insiste également sur l’aspect symbolique et psychologique. Pour lui, voir un aéroport national fonctionner sous une bannière rebelle infligerait un coup moral aux forces armées et à la population, tout en renforçant l’image d’un État affaibli.
« La souveraineté ne peut être fractionnée », conclut-il, plaidant pour une reprise totale du contrôle par l’État avant toute réouverture afin d’éviter toute forme de légitimation de l’occupation.
Lors du Conseil des ministres du vendredi dernier, le gouvernement a pour sa part confirmé la réouverture de l’aéroport de Goma, précisant qu’elle concernera uniquement les vols humanitaires. Le ministre des Transports a été instruit de suivre de près l’évolution de la situation.
Maua Grace