À Kinshasa, les inondations récurrentes, souvent liées à des pluies torrentielles, ne peuvent plus être considérées comme une fatalité climatique.
Elles sont le résultat direct d’une gestion défaillante des infrastructures de drainage, un problème systémique aggravé par l’inefficacité des institutions en charge de leur entretien, ont constaté plusieurs observateurs, après la dernière pluie qui a fait plusieurs dégâts humains et matériels dans quelques communes de la capitale.
En effet, l’Office des Voiries et Drainage (OVD) et les Infrastructures Travaux Publics (ITP), responsables de l’entretien des caniveaux, rivières et autres voies d’évacuation, peinent à remplir leurs missions de manière efficace, contribuant ainsi à l’aggravation des inondations à chaque saison des pluies.
Le manque de stratégie à long terme et de prévention dans la gestion des infrastructures de drainage est flagrant. Au lieu d’une planification rigoureuse, les actions menées par l’OVD et les ITP sont généralement dictées par l’urgence et l’improvisation, limitant ainsi l’impact des travaux de curage, souvent insuffisants et localisés dans quelques zones seulement. Cette gestion désordonnée provoque l’obstruction des caniveaux et la mauvaise circulation des eaux pluviales, un cocktail parfait pour les inondations.
L’un des aspects les plus préoccupants reste l’opacité dans l’attribution des marchés publics. En dépit des fonds alloués à l’entretien et à la réhabilitation des infrastructures, leur utilisation reste difficile à tracer. Les travaux effectués manquent souvent de qualité, et les infrastructures rénovées ne tardent pas à se dégrader faute de suivi, exacerbant encore les problèmes existants.
Bien que l’OVD et les ITP jouent un rôle crucial dans la gestion de ces infrastructures, leur inefficacité est en grande partie le reflet d’un gouvernement défaillant. À ce jour, aucune politique cohérente et durable de modernisation du réseau de drainage n’a été instaurée. Les financements, souvent annoncés avec grand bruit, se perdent dans des labyrinthes bureaucratiques et les promesses de réhabilitation restent lettre morte, sans réel impact sur le terrain.
Cette incapacité à instaurer une gestion transparente et une reddition des comptes favorise une culture de négligence, où les responsables n’ont guère de pression pour obtenir des résultats tangibles. L’absence de sanctions en cas d’inefficacité permet à ce cercle vicieux de perdurer, au détriment de la population.
Le prix de cette gestion défaillante est payé au quotidien par les citoyens. À chaque saison des pluies, ce sont des vies humaines, des biens matériels et des moyens de subsistance qui sont mis en péril. Les inondations génèrent également des risques sanitaires liés aux eaux stagnantes, créant des conditions de vie précaires pour les habitants. Face à cette situation, les citoyens n’ont d’autre choix que de s’adapter à un système défaillant, dans lequel les institutions réagissent toujours dans l’urgence sans vision à long terme.
Si le gouvernement ne prend pas ses responsabilités en matière de gestion des infrastructures de drainage, l’OVD et les ITP resteront des entités sous-performantes, incapables de répondre aux besoins croissants d’une ville en pleine expansion. La question demeure : à quand une véritable réforme de ces institutions pour briser ce cycle de négligence et de crises récurrentes ? La ville de Kinshasa mérite mieux que ce statu quo dangereux.
Arsene Kavyavu