Le sénat a voté à l’unanimité, jeudi 22 mai 2025, pour la levée des immunités de l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila, et a autorisé des poursuites judiciaires contre lui. Une decision qui marque un tournant décisif dans l’histoire politique de la République Démocratique du Congo.
En effet, rarement, un ancien chef de l’Etat en Afrique en général, encore influent sur la scène politique nationale, en l’occurrence Joseph Kabila, a été placé dans une telle position de vulnérabilité juridique, un geste profondément symbolique. Il interpelle à la fois sur la maturité des institutions congolaises, sur la sincérité des promesses de rupture faites par le régime en place et sur les attentes , parfois déçues, du peuple congolais en matière de justice.
En RDC, la constitution congolaise protège les anciens présidents, mais cette protection n’est pas absolue. Ce qui veut dire: les fonctions occupées hier ne sauraient garantir l’immunité perpétuelle, surtout si des faits graves sont en cause. Cependant, la justice se retrouve désormais face à un immense défit, c’est à dire, qu’elle peut agir en toute indépendance, sans céder ni à la pression populaire, ni aux calculs politiques.
Un signal fort pour l’Etat de droit?
Parcourant les divers commentaires, beaucoup estiment que cette démarche pourrait renforcer la crédibilité des institutions judiciaires congolaises en montrant qu’aucun citoyen, même un ancien chef de l’Etat n’est au-dessus de la loi.
Alors que dans l’ensemble de la population congolaise, nombreux sont ceux qui, (contrairement aux partisans du sénateur à vie qui crient à l’acharnement, soupçonnant le régime de vouloir l’écarter définitivement de la scène politique), saluent cette décision comme un pas vers la justice. Mais cette attente est accompagnée d’un scepticisme légitime. Le peuple congolais a vu naître, puis mourir, trop de promesses de changement. Alors si cette procédure n’aboutit pas à une enquête sérieuse, fondée sur des preuves, elle risque de renforcer le cynisme et la désillusion et pire encore elle pourrait créer un précédent d’instrumentalisation de la justice à des fins de règlements de comptes.
Une étape historique: la levée des immunités de l’ancien President, Joseph Kabila, est une opportunité rare, celle d’affirmer l’égalité devant la loi, de prouver que la justice peut prévaloir sur les alliances de pouvoir. Mais aussi une épreuve de vérité. Le peuple congolais jugera non pas à l’aune des intentions, mais à celle des résultats.
La Rédaction
