Kananga, 03 mai 2025 — Par notre correspondant local
En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée depuis 1993 à l’initiative des Nations Unies, l’heure n’est pas à la fête à Kananga. Dans la capitale du Kasaï-Central, les professionnels de l’information vivent sous la pression constante de la manipulation politique, de l’infiltration du métier par des non-professionnels, et d’un climat d’insécurité grandissant.
Un micro au service de l’intox
Fiston Bandekele, journaliste à Radio Soleil FM et correspondant pour le site TopAfrique.net, dénonce avec force la dérive actuelle : « Il devient fréquent de voir des politiciens engager certains journalistes pour attaquer leurs adversaires à coup de calomnies, simplement contre quelques billets. Ce n’est pas du journalisme, c’est de la manipulation pure. »
Ce phénomène, de plus en plus répandu, compromet l’intégrité de la profession et détourne les médias de leur mission première : informer, non influencer.
Des “journalistes” sans boussole éthique
À cette instrumentalisation s’ajoute une infiltration préoccupante du secteur par des individus non formés. Ces derniers, souvent sans connaissances déontologiques ni repères professionnels, prolifèrent sur le terrain, micro en main. « Certains ne maîtrisent ni les principes du métier, ni les limites légales, mais brandissent un micro comme une arme au service d’intérêts privés », s’indigne Bandekele.
Dans un contexte où la précarité économique affaiblit les rédactions et épuise les reporters, cette confusion nourrit une méfiance croissante du public envers les médias, pourtant essentiels à la vie démocratique.
Appel à l’État : protéger les voix libres
Face à cette crise de confiance, l’appel de la profession est clair : les autorités doivent garantir un environnement sécurisé et respectueux pour les journalistes. « Nous demandons aux autorités de nous garantir un environnement sûr et respectueux, où le journaliste peut exercer librement, sans craindre pour sa vie, ni pour son intégrité morale », plaide Fiston Bandekele.
Liberté de la presse : un combat quotidien
Alors que le monde entier rend hommage aux journalistes emprisonnés, censurés ou assassinés, les défis de la presse congolaise soulignent une autre réalité : la liberté de la presse ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. À Kananga comme ailleurs, il ne suffit pas de parler de liberté — encore faut-il la garantir, en actes.
Car derrière chaque micro, il ne devrait y avoir qu’une seule intention : celle d’éclairer le public, pas de le manipuler.