Kindu : couvre-feu instauré après des affrontements meurtriers entre forces de sécurité et Wazalendo

Des affrontements violents ont secoué la ville de Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, le jeudi 14 août, opposant les forces de l’ordre à un groupe d’autodéfense connu sous le nom de Wazalendo.

Le choc a éclaté à Katako, à environ 7 km du centre-ville, avant de se propager vers Tokolote, dans la commune de Mikelenge, et même jusque dans le marché de Makengele.Les échanges de tirs ont semé la panique : les rues se sont vidées, les commerces ont fermé et la ville s’est figée dans la peur.

Selon plusieurs témoins, tout serait parti d’une revendication des Wazalendo, qui réclamaient une assistance alimentaire après près d’une semaine sans ravitaillement. « Ils nous avaient promis à manger, mais rien n’est arrivé. Nous avons faim », aurait déclaré l’un des membres, sous anonymat, à un journaliste local. La situation a rapidement dégénéré, et les affrontements ont fait un lourd bilan. Radio Okapi évoque plusieurs morts sans précision, tandis que d’autres sources locales font état d’au moins trois Wazalendo tués, un policier abattu et plus de quinze blessés. Certaines estimations non officielles parlent même de dix morts.

Face à la gravité des faits, le gouvernement provincial a décrété un couvre-feu strict, applicable dès le soir du 14 août, de 20 h 30 à 5 h du matin, sur toute l’étendue de la ville. « C’est une mesure de sécurité nécessaire pour protéger la population et rétablir l’ordre », a déclaré le ministre provincial de l’Intérieur et de la Sécurité, Taylor Lawamo Selemani. Seuls les véhicules transportant des malades sont autorisés à circuler pendant ces horaires. Les autorités ont également mis en place des numéros verts pour signaler tout mouvement suspect et ont appelé les Wazalendo à regagner leurs sites de cantonnement.

Du côté de la société civile, l’inquiétude est palpable. « Ce qui s’est passé est un signal alarmant. Il faut un dialogue franc avec ces jeunes, sinon nous allons droit vers d’autres drames », estime Patrick Moke, coordonnateur d’une ONG locale de paix. Plusieurs habitants, encore sous le choc, craignent de nouveaux heurts. « Hier, j’ai vu des gens courir dans tous les sens, des enfants pleurer. C’était comme la guerre », raconte Mado, vendeuse au marché de Makengele.

Si le calme semble revenu en apparence, la tension reste forte dans les quartiers touchés. Les autorités sont désormais sous pression pour prévenir toute nouvelle flambée de violence et répondre aux revendications des Wazalendo, tout en assurant la sécurité des habitants. La gestion de cette crise pourrait devenir un test crucial pour la stabilité de Kindu dans les mois à venir.

Pour Zionnews-tv.net /Jason Kabera

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