Alors que les populations de l’Est de la RDC subissent une nouvelle vague d’atrocités, les regards se tournent vers la Suisse, où la ministre congolaise des Droits Humains, Maître Chantal Chambu Mwavita, mène un plaidoyer déterminé contre l’impunité des crimes commis par les rebelles du M23, soutenus militairement par le Rwanda.
Dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, les témoignages s’accumulent : exécutions sommaires, viols collectifs, enrôlement forcé d’enfants et déplacements massifs de populations. Des villages entiers sont vidés de leurs habitants sous la menace des armes, dans une stratégie clairement orchestrée de terreur et de nettoyage ethnique.
Les ONG locales et internationales documentent ces crimes à un rythme alarmant, mais les mécanismes internationaux de justice tardent à agir. Face à ce silence, Maître Chantal Chambu Mwavita a choisi d’agir. En Suisse, elle a rencontré plusieurs représentants du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et des diplomates européens pour remettre un rapport accablant sur les exactions perpétrées par le M23, que Kinshasa accuse d’être un bras armé du régime de Paul Kagame.
Le document détaille, preuves à l’appui, l’implication directe des forces rwandaises dans les opérations militaires en territoire congolais. « Il ne s’agit plus de simples affrontements armés, mais d’un projet criminel systématique contre les civils congolais. Le monde ne peut plus détourner les yeux », a déclaré la ministre depuis Genève. Sa démarche vise également non seulement la mise en application de la résolution 2773 mais aussi que justice soit faite pour les victimes de ces actes, ainsi qu’une accélération des procédures devant les juridictions internationales, notamment la Cour pénale internationale.
Elle appelle à la mise en place d’un mécanisme spécial pour la RDC, à l’image de ceux instaurés pour d’autres conflits dans le monde. “Jusqu’à présent, l’enquête et l’analyse menées par la mission révèlent un mépris total apparent pour la protection des civils pendant et après les opérations militaires. Le M23, soutenu par le Rwanda, a utilisé des armes lourdes lors de son offensive sur Goma en janvier, frappant des quartiers densément peuplés et des camps de personnes déplacées.
Alors que les forces armées de la RDC se retiraient, il y a eu un effondrement total apparent du commandement, du contrôle et de la police militaire, tandis que les soldats de la RDC et les membres des milices wazalendo soutenues par la RDC tuaient, violaient et pillaient”, a déclaré lundi 16 juin 2025 Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Plus que jamais, la RDC se trouve à la croisée des chemins. L’action diplomatique de Chantal Chambu Mwavita offre une lueur d’espoir dans un contexte sombre. Mais pour que justice soit faite selon plusieurs spécialistes, il faudra que la communauté internationale cesse de ménager Kigali au nom d’intérêts géopolitiques cyniques.