Les États-Unis et l’Ouganda concluent un accord sur l’accueil de migrants : entre opportunité et polémique

L’Ouganda a confirmé avoir conclu un accord avec les États-Unis pour accueillir certains migrants déboutés de l’asile. Mais les conditions sont strictes : seuls ceux qui n’ont aucun antécédent criminel et qui ne sont pas des mineurs isolés seront concernés. Kampala précise aussi que la priorité sera donnée aux migrants venant d’autres pays africains.

Cette annonce a suscité de vives réactions. Dans un premier temps, certains responsables ougandais avaient nié l’existence de tout accord, affirmant que le pays ne disposait pas des infrastructures nécessaires pour recevoir des migrants venus d’aussi loin. Mais le ministère des Affaires étrangères a finalement reconnu l’existence d’un accord temporaire et conditionnel, signé avec Washington.

Un pays déjà sous pression

L’Ouganda n’est pas étranger à la question migratoire. Avec près de 1,8 million de réfugiés venus du Soudan du Sud, de la République démocratique du Congo et du Soudan, le pays est déjà l’un des plus grands pays d’accueil de réfugiés en Afrique. Mais cette générosité pèse lourd sur les ressources locales : manque de nourriture, pressions sur la terre et tensions dans certains camps surpeuplés.

Accueillir des migrants rejetés par les États-Unis risque donc d’ajouter une charge supplémentaire à un système déjà fragilisé.

Une coopération à double visage

Pour Washington, cet accord représente un moyen de gérer plus rapidement les expulsions, en particulier dans un contexte politique où la question migratoire est au cœur des débats. Pour Kampala, il s’agit à la fois d’un geste diplomatique envers une puissance mondiale et d’une opportunité de renforcer ses liens avec l’Occident.

Mais pour les défenseurs des droits humains, cet arrangement soulève des inquiétudes :

L’Ouganda pourrait devenir une « zone de transit » pour les migrants indésirables aux États-Unis.

Les conditions de vie des nouveaux arrivants pourraient être difficiles, dans un pays où les camps de réfugiés manquent déjà de moyens.

Entre solidarité et intérêt politique

Cet accord illustre un paradoxe : d’un côté, l’Ouganda continue de se présenter comme un pays hospitalier, prêt à ouvrir ses portes ; de l’autre, il met en avant ses propres limites et insiste sur le caractère sélectif et temporaire de cette entente.

Il reste à voir comment cet accord sera mis en œuvre dans la pratique, et surtout s’il servira les intérêts des migrants concernés ou s’il les plongera dans une nouvelle incertitude loin de leur rêve américain.

Jason Kabera

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