Masisi : MSF se retire de Nyamitaba après trois mois d’appui médical d’urgence

Après trois mois d’appui médical d’urgence, Médecins Sans Frontières (MSF) a mis fin, mi-août 2025, à son intervention en faveur des populations retournées à Nyamitaba, dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu.

Déployée en mai dernier, cette mission avait pour objectif de combler les besoins sanitaires urgents liés au retour massif des familles déplacées depuis Goma, dans une zone encore marquée par l’insécurité.

Un bilan humanitaire significatif

En trois mois, les équipes de MSF ont réalisé plus de 5 500 consultations externes, pris en charge 474 enfants souffrant de malnutrition, et offert un suivi médical et psychosocial à 352 survivantes de violences sexuelles.

Les cas les plus graves ont été référés vers l’Hôpital général de référence de Mweso afin d’assurer des soins spécialisés.

Au-delà de la prise en charge médicale, l’organisation a renforcé les infrastructures du centre de santé de Nyamitaba.

Elle a notamment réhabilité le système d’adduction d’eau, électrifié certains services, réaménagé la maternité et la buanderie, et fourni des médicaments pour maintenir la gratuité des soins après son départ.

Une réponse déclenchée par une crise aiguë

MSF s’était déployée à Nyamitaba à la suite d’une évaluation alarmante réalisée en mai.

Le retour précipité de milliers de familles, consécutif au démantèlement des camps de déplacés en février 2025, avait mis sous pression un système de santé déjà affaibli.

L’organisation humanitaire avait alors décidé d’apporter une réponse d’urgence pour éviter une catastrophe sanitaire.

Une amélioration fragile

Si l’accès aux soins s’est amélioré au fil de l’intervention, la situation demeure préoccupante.

L’économie locale reste fragile, les risques épidémiques sont réels et les structures sanitaires peinent à répondre seules à la demande. MSF a rappelé la nécessité d’un relais par d’autres acteurs humanitaires et institutionnels pour assurer une continuité des services et prévenir une dégradation de la situation.

Un contexte toujours instable

Le territoire de Masisi reste régulièrement touché par des violences armées, qui compromettent à la fois la sécurité des populations et celle du personnel soignant. En avril 2025, un infirmier collaborant avec MSF avait été assassiné à Masisi-centre, rappelant la vulnérabilité des équipes médicales dans la région. Par ailleurs, les épidémies continuent de menacer : en juin dernier, MSF a vacciné plus de 100 000 enfants contre la rougeole dans la zone de santé de Masisi, preuve de l’ampleur des besoins sanitaires.

Et après ?

Pour l’heure, la gratuité des soins pourra être maintenue à court terme grâce aux dons de médicaments laissés par MSF. Mais à moyen et long terme, la résilience de la communauté de Nyamitaba dépendra de la coordination entre le centre de santé local, l’Hôpital de Mweso et les partenaires encore présents dans la zone.

En trois mois, MSF a ouvert un souffle d’espoir à Nyamitaba. Mais la fin de cette mission rappelle crûment que, sans relais durable, les acquis humanitaires restent précaires dans un territoire où la guerre et la maladie continuent de dicter le quotidien.

 

LA RÉDACTION

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