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La justice à l’épreuve de l’impartialité : la demande de poursuites contre Nicolas Kazadi, entre vérité d’État et secret de la République

by Zionews

Le 27 mai 2025, un tournant politique et judiciaire s’est amorcé en République démocratique du Congo (RDC), avec l’annonce d’une démarche inédite du procureur général près la Cour de cassation.

Ce dernier a officiellement saisi l’Assemblée nationale pour demander l’autorisation d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre de M. Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances et député national, pour des faits présumés de faux bruit et divulgation de secrets d’État.

Au-delà du choc que suscite cette annonce dans l’opinion publique, cet épisode met à nu les tensions croissantes entre justice, politique, et responsabilités institutionnelles en RDC. Une analyse rigoureuse s’impose.

Une procédure conforme mais politiquement chargée

La demande du procureur général est juridiquement fondée. Conformément à l’article 107 de la Constitution, les poursuites contre un parlementaire en fonction requièrent une autorisation de la Chambre à laquelle il appartient. L’initiative judiciaire s’ancre donc dans le respect des formes légales. Cependant, elle s’inscrit dans un contexte politique tendu, où les allégations de M. Kazadi sur la gestion des finances publiques et sur certains accords sensibles ont défrayé la chronique.

Ses propos tenus dans les médias et dans certains cercles politiques ont été interprétés, selon le ministère public, comme des tentatives de semer le trouble dans l’opinion et de porter atteinte à la sûreté de l’État. Ces accusations renvoient au délit de faux bruit, une infraction parfois sujette à des interprétations larges et potentiellement liberticides. Par ailleurs, le grief de divulgation de secrets d’État est, par nature, délicat à établir sans entrer dans des zones d’ombre institutionnelles.

La nécessité d’un équilibre entre transparence et responsabilité

La démocratie exige des institutions qu’elles fonctionnent en toute transparence. Mais elle repose également sur le respect des règles, notamment celles régissant le secret de certaines informations sensibles. Il est donc essentiel de distinguer l’alerte légitime au nom de l’intérêt public d’un acte de divulgation illicite mettant en péril la sécurité nationale.

Dans ce dossier, il conviendrait que l’Assemblée nationale, avant de se prononcer sur la levée de l’immunité de M. Kazadi, exige du parquet des éléments de preuve précis et crédibles, afin d’écarter toute tentative de règlement de comptes politiques. Le respect des droits de la défense et la présomption d’innocence doivent également être garantis.

Conclusion

L’affaire Kazadi est une épreuve pour la justice congolaise, un test pour l’Assemblée nationale, et un miroir pour la démocratie congolaise. Elle exige sang-froid, responsabilité et respect de l’État de droit. Il ne s’agit ni de protéger des secrets pour mieux cacher des dysfonctionnements, ni de bâillonner des voix dissidentes sous prétexte de sécurité nationale.

La vérité, dans un État de droit, ne doit jamais être l’otage des intérêts politiques.

Graddy Oloko

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