Ouganda : Dérive autoritaire à l’approche des élections – Un signal d’alerte pour la communauté internationale

À l’approche des prochaines élections générales en Ouganda, le climat politique se détériore de manière inquiétante. Le pays, dirigé depuis près de quatre décennies par le président Yoweri Museveni, semble entrer dans une nouvelle phase de répression, marquée par des violations graves des droits civiques et politiques.

Ces dernières semaines, plusieurs opposants politiques, militants et journalistes ont été arrêtés de manière arbitraire, notamment sur ordre du fils du président, Muhoozi Kainerugaba, dont les ambitions politiques sont de moins en moins voilées. Cette série d’arrestations s’inscrit dans une stratégie de musellement de l’opposition, visant à neutraliser toute voix discordante avant les scrutins.

Mais l’escalade a pris une tournure encore plus alarmante : le président Museveni vient de prendre une décision bouleversante, en autorisant le jugement des civils par des juridictions militaires. Une mesure extrême, rejetée par le passé par l’Assemblée nationale ougandaise au nom du respect des principes fondamentaux de la justice et des droits humains.

Cette initiative présidentielle constitue un véritable recul démocratique. Elle piétine le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs et menace gravement l’indépendance de la justice. Elle pourrait ouvrir la voie à une justice d’exception, instrumentalisée pour servir les intérêts d’un pouvoir politique de plus en plus contesté.

Face à cette situation, j’en appelle à la conscience de la communauté internationale, aux organisations régionales africaines, à l’Union africaine, aux Nations Unies, mais aussi à tous les défenseurs des droits humains : le silence serait complice. Il est urgent de s’imprégner de la gravité des événements en cours en Ouganda. Laisser passer ces dérives sans condamnation ferme reviendrait à encourager d’autres régimes autoritaires à emprunter la même voie.

Le peuple ougandais mérite des élections libres, justes et transparentes. La démocratie ne peut survivre dans un climat d’intimidation, de peur et d’impunité. Le monde doit rester vigilant, car ce qui se joue aujourd’hui en Ouganda dépasse les frontières nationales : il s’agit d’un test pour la crédibilité des principes démocratiques en Afrique.

Par Graddy Oloko, Analyste politique

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