La visite de l’ambassadrice de Belgique en République démocratique du Congo, Roxane De Bilderling, dans la ville de Beni, s’est transformée en acte diplomatique fort. Dans un contexte où la guerre à l’Est de la RDC continue d’endeuiller les populations, la diplomate belge a réaffirmé la position de son pays : condamner sans ambiguïté l’agression rwandaise et soutenir des sanctions contre le régime de Kigali et les rebelles du M23.
Une posture claire sur le plan politique
Au sortir d’un échange avec le gouverneur du Nord-Kivu, Mme De Bilderling a tenu un discours sans équivoque. Elle a rappelé que la Belgique, fidèle à ses principes de respect du droit international, ne saurait tolérer l’occupation d’un État souverain, encore moins le pillage de ses ressources ou les violences contre sa population.
> « La Belgique a été à l’avant-garde pour condamner cette agression et faire adopter des sanctions. Nous assumons les répercussions politiques de cette position, car il s’agit de principes fondamentaux », a-t-elle déclaré.
Par cette déclaration, la Belgique s’écarte d’une diplomatie prudente souvent pratiquée par d’autres capitales européennes. Elle entend porter la voix des principes dans un contexte international dominé par les intérêts géostratégiques.
Deux poids, deux mesures ?
Dans un parallèle assumé, Roxane De Bilderling a mis en lumière une incohérence dans la réaction de la communauté internationale. Elle s’est interrogée sur l’indignation collective face à l’invasion de l’Ukraine, contrastant avec le silence relatif entourant l’agression dont est victime la RDC.
> « Nous avons été clairs sur l’Ukraine. Pourquoi devrions-nous fermer les yeux lorsqu’il s’agit de l’Afrique ? », a-t-elle souligné, rappelant les liens historiques entre la Belgique et la RDC.
Un soutien aux initiatives congolaises
L’ambassadrice a également salué les efforts entrepris par les autorités congolaises pour renforcer l’intégration régionale à travers le développement d’infrastructures et de commerce transfrontalier avec les pays d’Afrique de l’Est. Elle voit dans cette dynamique un levier pour consolider la paix et stimuler la stabilité dans la région.
Une diplomatie de rupture ?
La position belge, bien que saluée dans certains cercles congolais, pourrait accentuer des tensions diplomatiques au sein de certaines alliances internationales. Mais pour Bruxelles, il s’agit d’un choix assumé : prioriser les principes sur les compromis diplomatiques, même au prix d’un isolement momentané.
Cette posture pourrait-elle inciter d’autres nations à réévaluer leur silence ? La Belgique vient peut-être de lancer un signal fort : l’Afrique mérite aussi une diplomatie de justice et de cohérence.
Arsene Kavyavu