Les délégations de la République Démocratique du Congo et du Rwanda ont signé aujourd’hui le Cadre d’Intégration Économique Régionale (CIER), un accord présenté comme une étape majeure pour la stabilisation et le développement de la région des Grands Lacs.
La cérémonie s’est tenue sous la supervision de la sous-secrétaire d’État Hooker et du conseiller principal Boulos, deux figures diplomatiques chargées d’encadrer le processus et d’en garantir la transparence.
Cet accord vise avant tout à renforcer la coopération économique entre Kinshasa et Kigali, longtemps marquées par des tensions politiques, des conflits armés récurrents et des accusations mutuelles d’ingérence.
À travers le CIER, les deux pays s’engagent à promouvoir des projets structurants, à encourager la libre circulation des biens, des services et des capitaux, ainsi qu’à stimuler les investissements dans plusieurs secteurs clés : infrastructures, agriculture, énergie, exploitation responsable des ressources et industrialisation locale.
Le cadre signé met en avant le principe que la paix n’est pas seulement une question militaire, mais aussi économique. Autrement dit, plus les deux économies sont interdépendantes et collaboratives, plus les populations profitent d’un climat stable, moins les risques de conflits armés trouvent un terrain favorable.
Cependant, cet accord survient dans un contexte géopolitique complexe. La région reste marquée par l’activisme du mouvement AFC/M23, les tensions persistantes au Nord-Kivu et les préoccupations sécuritaires exprimées par les populations congolaises. La signature du CIER peut être perçue comme une tentative de dissocier le volet économique du volet militaire, tout en créant un terrain propice à un dialogue plus durable.
Pour de nombreux observateurs, cette démarche pourrait ouvrir des opportunités de croissance : création d’emplois transfrontaliers, relance du commerce local, réduction de la contrebande minière et formalisation des échanges souvent dominés par l’informel. Elle pourrait également permettre aux opérateurs économiques de travailler dans un environnement plus sécurisé et plus structuré.
Du côté des populations, la réaction reste partagée. Certains y voient une ouverture historique vers une prospérité collective. D’autres expriment des craintes légitimes, notamment face au risque que l’accord profite davantage à un pays qu’à l’autre ou qu’il serve à camoufler des intérêts géostratégiques non avoués. Dans un pays encore marqué par des blessures profondes liées à l’instabilité à l’Est, la question de la confiance demeure centrale.
La prochaine étape consistera à mettre en œuvre concrètement les dispositions du CIER, à évaluer leur impact sur le terrain et à garantir que les retombées bénéficient réellement aux populations, particulièrement celles des zones frontalières longtemps touchées par les conflits.
La signature de cet accord représente donc un signal politique fort : celui d’une volonté affichée de rompre avec des décennies de méfiance. Mais sa réussite dépendra du respect réel des engagements, de la transparence dans l’exécution et d’une amélioration tangible de la situation sécuritaire.
LA REDACTION