RDC : un accord minier avec l’ère Trump torpillé par le Congrès américain pour raisons éthiques et environnementales

En juin 2025, la République démocratique du Congo et les États-Unis ont négocié, sous l’ère Trump, un accord controversé : accès aux minerais stratégiques en échange d’une assistance sécuritaire. Un accord de nature transactionnelle, inscrit dans la logique “minerals-for-security”, qui pourrait selon certains s’apparenter à une forme subtile de néocolonialisme.

Dès le départ, la signature a suscité des critiques. Des éditoriaux dans la presse internationale ont souligné le caractère unilatéral et opaque du deal, évoquant un échange de souveraineté contre la stabilité, dans une région encore marquée par les violences et la manipulation des ressources naturelles. Le Guardian, notamment, y a décelé un écho sombre au passé colonial et à l’ère Mobutu.

Quelques semaines après l’annonce de cet accord, près de cinquante élus du Congrès, principalement démocrates, ont adressé une lettre au président et au secrétaire d’État américain, dénonçant le manque de transparence et l’absence de consultation du Parlement.

Ils ont exigé la publication des documents contractuels ainsi qu’un processus de négociation ouvert, impliquant la société civile et les communautés congolaises concernées. Ils ont mis en garde contre les risques d’exploitation, les violations des droits humains et l’impact sur l’environnement. Parmi leurs préoccupations figurait un conflit d’intérêts potentiel : l’implication d’un proche de la présidence, lié à un consortium lié aux droits miniers dans la région de Rubaya.

Le contexte congolais est particulièrement sensible : l’Est du pays demeure instable, miné par les groupes armés, et le secteur minier est longtemps associé à la violence, au travail des enfants, aux déplacements forcés ou à la pollution. Des ONG et think tanks spécialisés rappellent que sans mécanismes de transparence, un tel accord pourrait conforter les mêmes dynamiques destructrices qui ont alimenté les conflits régionaux.

Les ressources naturelles de la RDC cobalt, lithium, coltan, cuivre – sont stratégiques pour les technologies modernes et la défense. Le gouvernement américain cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine. Mais nombre d’observateurs soulignent que l’approche militaire, plutôt que diplomatique ou économique, risque d’aggraver la situation.

Conséquence : le Congrès américain a déclenché un véritable contre-pouvoir. Auditions sont programmées pour obtenir des explications. Des députés envisagent de conditionner tout financement à des garanties robustes, ou même de bloquer le projet si les garanties ne sont pas apportées. L’article mentionne implicitement le rôle du Congrès dans la diplomatie américaine.

Du côté congolais, rester prudent est essentiel. Si un tel partenariat peut offrir des avantages économiques ou sécuritaires, il ne doit pas reproduire des scénarios d’exploitation. Il doit s’accompagner de garanties claires : audits indépendants, traçabilité des minerais, protection des droits humains, respect de l’environnement, contrôle citoyen.

Enfin, le temps est compté : sans réels engagements de transparence, ce deal risque de devenir un exemple de plus d’un rapport déséquilibré entre pays riches et riches en ressources, susceptible d’inscrire des fractures plutôt que de soutenir une paix durable.

LA RÉDACTION

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