Kinshasa, juin 2025
Une controverse enfle au sein de l’Assemblée nationale après la désignation d’Élie Tungunga Kasongo, père du ministre actuel de la Justice Constant Mutamba, pour occuper le siège parlementaire laissé vacant par ce dernier. Ce remplacement, présenté comme un fait accompli, suscite de vives réactions et soulève des interrogations sur sa légalité et sa conformité à l’esprit des lois en vigueur.
Selon les documents officiels de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les deux suppléants légitimes du député Mutamba sont Katambue Papy et Lombe Kakolongo. Une capture d’écran largement relayée sur les réseaux sociaux confirme leur présence sur la liste officielle. Pourtant, aucun des deux n’a été appelé à siéger, sans qu’aucune explication publique ne soit donnée sur leur mise à l’écart.
L’entrée à l’hémicycle de M. Tungunga, parent direct du ministre, intervient dans un flou juridique qui alimente des accusations de népotisme. En effet, aucune disposition de la loi électorale congolaise – notamment la Loi n°22-029 du 29 juin 2022 – ne prévoit la possibilité de remplacer un député nommé ministre par un membre de sa famille. L’article 160 de ladite loi stipule qu’en cas de vacance et d’absence de suppléant disponible, des élections partielles doivent être organisées afin de garantir la légitimité démocratique du nouveau représentant.
Cette situation met en lumière un déficit de transparence dans le processus de remplacement parlementaire et interpelle sur les pratiques institutionnelles en République démocratique du Congo. Dans des démocraties comparables, comme la France, de telles décisions auraient donné lieu à un recours aux urnes ou à une communication officielle justifiant la non-sélection des suppléants.
En l’absence d’une clarification urgente des autorités compétentes, cette nomination pourrait entacher la crédibilité des institutions et renforcer le sentiment de défiance à l’égard des processus démocratiques dans le pays.
Nestor Ilo