Le retrait officiel du Rwanda de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), annoncé le 8 juin 2025 lors du sommet de Malabo, marque un tournant historique dans les relations régionales en Afrique centrale.
Cette décision n’est pas un simple geste politique isolé : elle traduit en réalité une victoire diplomatique majeure pour la République Démocratique du Congo, qui a su mobiliser les leviers régionaux pour faire entendre sa voix face à l’agression multiforme dont elle est victime.
1. Le Rwanda sous pression diplomatique
Depuis plus d’une décennie, la RDC dénonce avec constance l’implication du Rwanda dans l’instabilité de sa partie orientale, notamment à travers le soutien militaire et logistique présumé au mouvement rebelle M23. Si longtemps ces accusations restaient lettre morte au sein des instances régionales, le vent a tourné ces derniers mois.
Sous la pression diplomatique croissante de Kinshasa et grâce à une meilleure coordination entre les pays de la région, la CEEAC a fini par adopter une position ferme, exigeant le retrait immédiat des forces rwandaises du sol congolais et condamnant les ingérences de Kigali. Face à cet isolement, le Rwanda a préféré claquer la porte, confirmant ainsi l’efficacité stratégique de la diplomatie congolaise.
2. Une RDC plus audible, plus crédible
Ce retrait est aussi la preuve que la RDC n’est plus seule, ni marginalisée, dans son combat pour la paix. Elle a su, par une diplomatie active et structurée, faire reconnaître la légitimité de sa position au sein d’une organisation qui jusque-là peinait à prendre des décisions courageuses.
En tenant tête à un acteur longtemps perçu comme stratégiquement incontournable dans la région, Kinshasa a démontré qu’il est possible de faire respecter le droit international, la souveraineté nationale et les principes de non-ingérence.
3. Une opportunité géopolitique à saisir
Cette victoire ne doit pas rester symbolique. Elle constitue une opportunité pour la RDC de consolider son leadership régional :
En renforçant ses alliances avec les pays membres restants de la CEEAC favorables à une paix durable.
En repositionnant la diplomatie congolaise comme acteur central dans la reconfiguration sécuritaire et économique de la région.
En exigeant la mise en œuvre de mécanismes contraignants contre toute forme d’agression ou de déstabilisation.
La RDC doit capitaliser sur cet élan pour bâtir une architecture régionale de sécurité robuste, pilotée par des États respectueux de la souveraineté de leurs voisins.
4. Conclusion : l’heure de la fermeté et de la vision
Le retrait du Rwanda de la CEEAC est une reconnaissance indirecte de ses agissements déstabilisateurs et de l’isolement diplomatique qu’ils lui ont valu. Pour Kinshasa, c’est un succès à valoriser sur tous les plans : diplomatique, politique, stratégique.
Mais cette victoire appelle à la vigilance. Elle impose à la RDC de rester cohérente, ferme et visionnaire : la paix durable ne se construit pas seulement avec des dénonciations, mais aussi avec des institutions fortes, des alliances solides et une diplomatie active.
Graddy Oloko
Analyste politique – Kinshasa