Tanzanie : le pays toujours paralysé après le chaos électoral, un bilan politique et humain encore incertain

Après les élections générales, la Tanzanie demeure plongée dans une atmosphère de tension, de méfiance et d’incertitude politique. Les rues des grandes villes, comme Dar es Salaam, Arusha ou Dodoma, gardent les stigmates d’un scrutin contesté, marqué par des violences, des coupures d’internet et des arrestations massives.

Alors que les autorités proclament la victoire du pouvoir en place, l’opposition et une partie de la société civile dénoncent un “hold-up électoral”.

Un scrutin sous haute tension

L’élection présidentielle et législative, censée consolider la démocratie tanzanienne, a tourné à la confrontation.
La présidente Samia Suluhu Hassan, première femme à diriger le pays, briguait un nouveau mandat face à une opposition affaiblie mais déterminée à dénoncer la dérive autoritaire du régime.

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Dès les premières heures du vote, des irrégularités massives ont été signalées : bourrages d’urnes, intimidations d’électeurs, expulsions d’observateurs, et coupures d’accès aux réseaux sociaux.

Les autorités électorales, accusées d’être inféodées au pouvoir, ont proclamé la victoire de Samia Hassan dès le lendemain, avec plus de 80 % des voix — un score jugé “peu crédible” par la communauté internationale.

Un climat d’instabilité et de répression

Dans plusieurs régions, notamment à Zanzibar et Mwanza, des manifestations de contestation ont été violemment réprimées. Les forces de sécurité ont bouclé certains quartiers, empêchant toute mobilisation populaire.
Des dizaines de militants et de responsables de l’opposition ont été arrêtés, tandis que les organisations de défense des droits humains parlent d’une “situation de siège déguisée”.

L’accès à Internet reste partiellement restreint, limitant la circulation d’informations fiables. Les médias indépendants, déjà affaiblis sous les précédents mandats, font face à la censure ou à la menace de suspension de licence.
Résultat : les Tanzaniens vivent dans un flou total sur le bilan humain et matériel des violences postélectorales.

L’opposition dénonce un pouvoir illégitime

Le principal opposant, Tundu Lissu, a rejeté les résultats et appelé à un recomptage indépendant des voix sous supervision régionale. Il accuse le parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), d’avoir transformé l’élection en un simulacre démocratique.
Pour lui, la Tanzanie “vit une mascarade électorale où la peur remplace la liberté”.

Certains analystes estiment cependant que l’opposition peine à s’unir et à proposer une alternative crédible, ce qui profite à un pouvoir solidement enraciné depuis l’indépendance.

Une présidente fragilisée, mais toujours soutenue par ses alliés

Malgré la contestation, Samia Suluhu Hassan conserve l’appui de plusieurs partenaires internationaux, notamment la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et certains pays donateurs, qui saluent sa politique de stabilité macroéconomique.
Cependant, cette stabilité est aujourd’hui menacée par la crise de légitimité née du scrutin.

Le défi majeur pour la présidente sera de restaurer la confiance — à la fois au sein du pays et sur la scène internationale. Elle devra choisir entre le dialogue national avec l’opposition ou la continuité autoritaire, au risque d’isoler davantage la Tanzanie.

Analyse : une démocratie en sursis

La Tanzanie, longtemps présentée comme un modèle de stabilité politique en Afrique de l’Est, traverse une période critique.
Le chaos électoral de 2025 révèle les failles profondes d’un système politique verrouillé, où les institutions servent davantage à légitimer le pouvoir qu’à le contrôler.

À court terme, un apaisement est peu probable sans réformes électorales majeures et sans médiation régionale.
Mais à long terme, la société tanzanienne, de plus en plus jeune et connectée, pourrait exiger plus de transparence, de participation et de justice.
La balle est désormais dans le camp du pouvoir : ouvrir le dialogue ou s’enfermer dans la confrontation.

LA REDACTION

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