Alors que le président américain annonçait un sursis de 90 jours sur les droits de douane à l’égard de la majorité de ses partenaires commerciaux, il en profitait pour accentuer la pression sur Pékin, portant les taxes imposées à la Chine de 104 % à 125 %.
Cette manœuvre à double tranchant maintient les deux géants économiques dans une impasse conflictuelle, mettant en péril quelque 600 milliards de dollars d’échanges bilatéraux, et risquant de déclencher une véritable guerre financière.
Selon les prévisions de Goldman Sachs avant cette hausse, les droits américains à 104 % devaient déjà coûter à la Chine 2,4 points de croissance du PIB, remettant en question son objectif annuel. Une augmentation supplémentaire n’aurait qu’un impact marginal supplémentaire, estimé à un maximum de 2,9 points.
Le report des nouvelles taxes pour les autres pays constitue également une bouffée d’air pour la Chine. En effet, cela permet aux produits chinois d’atteindre les États-Unis via des circuits indirects, notamment à travers des pays comme le Vietnam. De plus, l’absence de droits de douane à Hong Kong sur les marchandises américaines crée une échappatoire, facilitant leur acheminement vers la Chine continentale à des tarifs antérieurs aux mesures punitives de Washington.
Toutefois, derrière ce répit relatif, les tensions ne cessent de croître. Certains responsables américains, comme le secrétaire au Trésor Scott Bessent, n’excluent plus aucune option, y compris l’éviction des entreprises chinoises de la Bourse de New York. “Rien n’est exclu”, a-t-il déclaré sur Fox News mercredi.
En retour, la Chine détient une carte redoutable : ses immenses réserves de bons du Trésor américain, estimées à 760 milliards de dollars. Les marchés obligataires ont d’ailleurs déjà montré des signes de nervosité face à la possibilité d’un désengagement de Pékin.
Pour les multinationales américaines, l’accès au marché chinois reste une priorité stratégique. En 2024, la région de la Grande Chine représentait 17 % des ventes mondiales d’Apple, et 21 % du chiffre d’affaires de Tesla. Toute détérioration des relations bilatérales pourrait avoir un impact économique considérable des deux côtés.
Malgré les escalades et la rhétorique agressive, Pékin a publié le même jour un livre blanc par le biais de son Bureau d’information du Conseil d’État. Une porte reste entrouverte : la reprise des négociations pourrait démarrer par des sujets ciblés, comme la situation de TikTok ou la suppression progressive des hausses tarifaires les plus récentes.
La Rédaction