Le Cameroun reste plongé dans une crise politique et sécuritaire majeure alors que le conflit dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’intensifie.
À 92 ans, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, fait face à une contestation croissante, tant sur le plan interne qu’international, tandis que le pays se prépare à des élections prévues pour 2025.
Recrudescence des affrontements
Depuis début août 2025, plusieurs affrontements violents ont opposé l’armée camerounaise à des groupes séparatistes armés, qui réclament l’indépendance de l’« Ambazonie », nom donné par les séparatistes à l’État qu’ils veulent créer.
Selon des sources locales, plus de 50 personnes, dont 20 civils, auraient perdu la vie ces deux dernières semaines dans les zones rurales autour de Bamenda et Buea.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des villages incendiés, des routes bloquées et des populations en fuite.
Un habitant de Bamenda, joint par téléphone, témoigne :
« Nous vivons dans la peur permanente. Les combats se rapprochent des villes, et l’armée comme les rebelles commettent des exactions contre les civils. »
La réponse de Paul Biya
Dans un discours télévisé le 4 septembre 2025, Paul Biya a promis de renforcer la présence militaire dans les régions anglophones, tout en appelant à un dialogue politique.
« L’intégrité territoriale du Cameroun est non négociable. Nous tendons la main à ceux qui veulent la paix, mais nous combattrons sans relâche ceux qui menacent l’unité nationale », a déclaré le chef de l’État.
Le gouvernement a annoncé l’envoi de 2 000 soldats supplémentaires pour sécuriser les axes routiers et protéger les infrastructures stratégiques.
Cependant, plusieurs ONG dénoncent des violations massives des droits humains commises par les forces de sécurité, notamment des arrestations arbitraires et des actes de torture.
Une crise politique profonde
La crise anglophone, qui a débuté en 2016 par des revendications sociales et linguistiques, s’est transformée en conflit armé à grande échelle.
À l’approche des élections prévues pour octobre 2025, l’opposition accuse Paul Biya de vouloir se maintenir au pouvoir à tout prix, malgré son âge avancé et la dégradation de la situation sécuritaire.
Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a déclaré :
« Paul Biya a échoué à résoudre la crise anglophone. Il est temps pour notre pays de tourner la page et de bâtir une nouvelle gouvernance. »
Plusieurs partis politiques réclament une transition politique pacifique, craignant que des élections organisées dans ce climat de guerre ne soient ni crédibles ni inclusives.
LA RÉDACTION