Le dossier Mutamba, dont la Cour doit se prononcer ce mercredi 27 août, occupe aujourd’hui le devant de la scène politique et judiciaire congolaise. Beaucoup d’analystes prévoient une condamnation de l’ancien ministre de la Justice Constant Mutamba.
Pourtant, une telle décision, loin de le fragiliser, risque paradoxalement de le transformer en figure renforcée et en porte-voix d’une opposition rajeunie.
Il convient de rappeler que « la politique est la volonté de diriger la société, et le droit est l’ensemble des règles qui encadrent et traduisent cette volonté ». Or, dans notre contexte, la politisation du droit fragilise la confiance du peuple envers la justice. Une condamnation perçue comme instrumentalisée ne discrédite pas seulement l’institution judiciaire : elle nourrit la victimisation de l’accusé et peut en faire un « martyr politique ».
L’histoire du Congo, avec le cas Lumumba, nous enseigne que certaines décisions prises sans profondeur stratégique finissent par élever l’adversaire au rang de symbole universel. L’exemple de Lumumba montre comment un homme, réduit par ses adversaires politiques, est devenu une légende immortelle, célébrée dans le monde entier.
Aujourd’hui, l’affaire Mutamba ne se déroule pas dans un vase clos. Dans un monde interconnecté, l’Afrique, l’Europe, l’Asie et les Amériques observent avec attention l’évolution de ce procès. Les réseaux diplomatiques, les ONG internationales, les organisations des droits de l’homme et même les diasporas congolaises se mobilisent et relaient chaque fait et geste. Le traitement réservé à Constant Mutamba est déjà inscrit dans les radars internationaux comme un indicateur de l’état réel de la démocratie et de la justice en République Démocratique du Congo.
Dès lors, le pouvoir en place doit réfléchir avec lucidité. Une condamnation peut sembler une victoire juridique immédiate, mais elle pourrait se transformer en défaite politique durable, tant à l’intérieur du pays que sur la scène internationale. La justice congolaise est appelée à trancher avec indépendance, rigueur et sens de responsabilité, car l’image de la RDC dans le concert des nations en dépend.
En conclusion, la force d’un État se mesure à sa capacité de faire cohabiter la volonté politique et l’État de droit dans un équilibre harmonieux. Punir sans convaincre, condamner sans équité, c’est nourrir la contestation et perdre la bataille de l’opinion publique, nationale comme internationale.
Graddy Oloko Analyste politique, Expert en leadership responsable en matière de transparence et de Bonne Gouvernance
Le Trismégiste