Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a rendu public ce vendredi un rapport accablant sur la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Le document fait état de violations massives des droits humains et du droit international humanitaire impliquant aussi bien le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, que les Forces armées de la RDC (FARDC) et divers groupes armés locaux.
Selon la Mission d’établissement des faits du HCDH, les violences se sont intensifiées depuis la reprise des combats au Nord et au Sud-Kivu à la fin de l’année dernière.
Le rapport évoque notamment des exécutions sommaires, des déplacements forcés de populations, ainsi que des attaques délibérées contre des civils. Certaines de ces pratiques pourraient être qualifiées de crimes de guerre.
Un second rapport des Nations Unies met particulièrement en cause le M23/AFC, accusé de commettre des crimes contre l’humanité. Les enquêteurs relèvent :
des recrutements forcés, y compris d’enfants âgés de seulement 15 ans ;
des violences sexuelles systématiques ciblant femmes, hommes et
des travaux forcés et l’envoi de civils de force sur les lignes de front.
À Kinshasa, le gouvernement a dit « prendre acte » du rapport tout en dénonçant « l’agression extérieure menée par le Rwanda à travers le M23 ».
Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, a réaffirmé que « la RDC reste engagée à protéger ses populations » et a promis que les auteurs des abus documentés, y compris au sein des FARDC, seraient « traduits devant la justice militaire ».
Le gouvernement appelle également la communauté internationale à accentuer les pressions diplomatiques et les sanctions contre Kigali et ses alliés.
Dans l’est du pays, des organisations de défense des droits humains saluent le travail du HCDH mais exigent des mesures concrètes.
« Ces rapports ne doivent pas rester lettre morte », estime un membre de la société civile du Nord-Kivu, qui plaide pour la création d’un mécanisme spécial de justice transitionnelle afin de juger les crimes commis.
Des associations de femmes rappellent que les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre détruisent des familles entières et demandent un renforcement urgent de l’assistance médicale et psychologique aux victimes.
Ces révélations interviennent alors que la crise sécuritaire continue de s’aggraver dans l’est de la RDC, où des millions de personnes demeurent déplacées et exposées aux exactions des groupes armés.
Les acteurs humanitaires craignent une nouvelle détérioration de la situation si aucune solution politique et sécuritaire durable n’est trouvée.
Arsene KAVYAVU