La récente décision du président kényan William Ruto de nommer un consul général à Goma, une ville stratégique de l’Est de la RDC actuellement sous contrôle du groupe rebelle AFC/M23, soulève de nombreuses interrogations sur les intentions réelles de Nairobi et les implications géopolitiques de ce geste.
Un signal fort envoyé à Kinshasa et au M23
Officiellement, cette nomination s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération régionale et de la présence diplomatique du Kenya dans les Grands Lacs.
Cependant, le choix de Goma, encore largement contrôlée par un mouvement rebelle accusé de crimes de guerre et soutenu selon Kinshasa par le Rwanda, envoie un signal ambigu.
Il s’agit d’un acte de reconnaissance tacite de l’autorité de fait exercée par le M23, ce qui peut être interprété comme une tentative de contourner l’État congolais pour dialoguer directement avec les forces en place.
Un repositionnement stratégique de Nairobi ?
Depuis quelques années, le Kenya joue un rôle plus affirmé sur la scène diplomatique africaine, notamment en médiation des conflits. Mais cette fois, Ruto semble s’orienter vers une diplomatie pragmatique, voire opportuniste, en misant sur une normalisation de fait de certains rapports de force sur le terrain.
Cela traduit une realpolitik régionale, où la stabilité prime parfois sur la légitimité institutionnelle.
Le risque de brouiller les relations avec Kinshasa
Cette décision risque d’être perçue par le gouvernement congolais comme une provocation ou une trahison, surtout dans un contexte où Kinshasa accuse ses voisins de complicité avec les rebelles.
Cela pourrait affecter les relations bilatérales entre la RDC et le Kenya, deux pays qui ont pourtant collaboré ces dernières années dans plusieurs domaines, notamment sécuritaires et économiques.
La nomination d’un consul kényan à Goma marque un tournant dans la posture diplomatique de Nairobi dans le conflit à l’Est de la RDC.
Entre calcul stratégique, pragmatisme politique et risque diplomatique, William Ruto joue une carte risquée, qui pourrait soit renforcer le rôle du Kenya comme médiateur régional soit l’isoler face à un gouvernement congolais déjà sous tension.
Joshmishumbi
