Le 20 août 2025, les États-Unis ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour examiner les atrocités massives commises contre les civils en République démocratique du Congo (RDC), notamment celles attribuées à l’Alliance des forces du changement (AFC/M23). Une initiative d’une portée diplomatique majeure, dans un contexte où l’est du pays continue de sombrer dans une tragédie humaine sans précédent.
1. Des massacres en série, documentés par des ONG indépendantes
Ce même jour, Human Rights Watch a publié un rapport accablant. Il accuse le groupe rebelle AFC/M23 d’avoir massacré plus de 140 civils, principalement des agriculteurs hutus, dans les environs du parc national des Virunga, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), en juillet dernier . Les exactions s’apparenteraient à des exécutions sommaires, incluant des fusillades, des attaques à la machette et des enterrements précipités, souvent sans rites funéraires .
Un rapport complémentaire d’Amnesty International pointe également les violences sexuelles massives ou les crimes de guerre commis tant par le M23 que par des milices soutenant le gouvernement congolais. Des dizaines de villages ont été touchés, et les témoignages sont terribles : des restes non enterrés pour intimider, des attaques ciblées sur les populations civiles, et des milliers de personnes contraintes à fuir.
2. Pourquoi une réunion d’urgence maintenant ?
Dans ce contexte sombre, la mission de maintien de la paix de l’ONU (MONUSCO) s’avère insuffisante. Des ONG, des acteurs religieux, et des autorités congolaises multiplient les appels à l’action. Face à l’accumulation de preuves et à l’escalade de la violence, les États-Unis sont passés à l’offensive diplomatique en exigeant une session d’urgence du Conseil de sécurité.
Cette démarche place la crise congolaise au premier plan des préoccupations internationales, dans l’espoir d’un sursaut collectif. Elle pourrait déboucher sur des sanctions ciblées contre les chefs rebelles, un renforcement du mandat de la MONUSCO ou encore une pression accrue sur Kigali, soupçonné de soutenir M23 . Au-delà de l’urgence sécuritaire, c’est la question de la justice internationale, voire de la saisine de juridictions, qui est posée .
3. Contexte diplomatique et acteurs en présence
Un accord de paix a été signé fin juin à Washington entre la RDC et le Rwanda, sous l’égide des États-Unis, mais le M23 était exclu du processus . Des négociations séparées entre Kinshasa et M23, facilités par le Qatar, sont en cours, mais peinent à produire des résultats concrets .
La République démocratique du Congo conteste la capacité du groupe M23 à respecter les accords, tandis que Rwanda, bien que niant désormais tout contrôle direct, est régulièrement accusé de maintenir une influence sur l’alliance rebelle Les ONG dénoncent un “écart entre la rhétorique internationale et la réalité des civils sur le terrain”
4. Les conséquences humanitaires en chiffres
La situation est catastrophique. Près de 7 millions de personnes sont déplacées, ce qui fait de la crise congolaise l’une des plus graves crises humanitaires au monde. L’absence de rites pour les victimes, les mutilations, les violences sexuelles, tout concourt à un nivellement déshumanisant.
Des fuites massives vers les forêts, des villages désertés, des familles décimées : le tissu social s’effondre. Chaque jour de retard dans l’action internationale se traduit par des vies perdues, des villages rasés, et des espoirs anéantis
5. Un test de crédibilité pour l’ONU
En exigeant cette réunion d’urgence, Washington choisit de mettre le Conseil de sécurité à l’épreuve. Cela soulève la question : l’ONU parviendra-t-elle à dépasser les blocages géopolitiques pour agir efficacement ? Ou restera-t-elle paralysée, au risque d’encourager l’impunité et d’abandonner le peuple congolais à sa tragédie ?.
Au cœur de l’est de la RDC, des communautés sont décimées, des familles réduites en cendres. Alors que les discours diplomatiques se multiplient, les États-Unis frappent à la porte du Conseil de sécurité, exigeant que l’ONU prenne ses responsabilités — non plus avec des mots, mais avec des actions concrètes. Cette réunion d’urgence pourrait marquer un tournant décisif. Pour les civils, c’est une dernière lueur d’espoir. Pour l’ONU, un rendez-vous à ne pas manquer.
Joshmishumbi