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Lubero : les femmes et enfants de Bapere plongés dans une crise humanitaire ignorée

by Zionnews

Dans le secteur de Bapere, en territoire de Lubero au Nord-Kivu, la situation des femmes et des enfants demeure extrêmement préoccupante depuis le début des massacres attribués aux rebelles ADF.

Aminata Tida Warangasi, responsable du service Genre, Femme, Famille et Enfant dans cette zone, alerte sur la gravité des conséquences que subissent ces populations déjà vulnérables.

Selon elle, les incursions répétées dans plusieurs villages du secteur et dans la périphérie de Manguredjipa, ont profondément bouleversé le quotidien de la population. « Aujourd’hui, la femme ne sait plus à quel saint se vouer. Elle est déséquilibrée, profondément déstabilisée.

Les enfants, quant à eux, n’ont plus accès à l’école. La vie devient de plus en plus compliquée », déplore-t-elle.

Dans cette région où l’agriculture constitue la principale source de revenus, l’insécurité croissante a limité, voire empêché, les femmes d’accéder à leurs champs.

Sans récoltes, elles se retrouvent sans ressources, incapables de subvenir aux besoins de leurs familles. Certaines ont été contraintes de fuir leurs villages, tandis que celles restées sur place vivent dans une précarité extrême.

L’accès aux soins de santé est également devenu difficile. « Les femmes rencontrent d’énormes difficultés, non seulement pour cultiver, mais aussi pour se soigner, faute de pouvoir atteindre les centres de santé », ajoute Aminata Tida Warangasi.

Les enfants, privés d’école à cause de la menace permanente, sont exposés à de multiples risques liés aux déplacements forcés, à l’insécurité et aux traumatismes provoqués par les violences.

Depuis le début des massacres en juin 2024, aucune assistance humanitaire n’a été apportée aux femmes et aux enfants de cette partie du territoire de Lubero.

Malgré l’ampleur des besoins, les familles demeurent livrées à elles-mêmes. « Le plus grand défi reste l’absence totale d’assistance à l’endroit des femmes, des enfants, mais aussi des hommes, tous victimes des massacres perpétrés dans notre région. Ces personnes sont abandonnées à leur triste sort », regrette la responsable.

Les violences n’épargnent pas non plus les structures sanitaires. Lors de l’attaque du groupement Manzia la semaine dernière, plusieurs femmes malades ainsi que des gardes-malades ont été tuées dans une structure médicale au centre de santé de Byambwe, illustrant la gravité des massacres et l’ampleur des pertes humaines parmi les femmes et les enfants.

Tout en saluant les efforts annoncés par le gouvernement, Aminata Tida Warangasi plaide pour une intervention rapide, ciblée et adaptée à la réalité du terrain. Elle garde néanmoins l’espoir d’un avenir meilleur : « Malgré tout, nous croyons qu’un jour, nous pourrons vivre comme toute autre personne : en paix, en sécurité et dans la dignité. »

Maua Grace

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