La signature de l’accord de Washington entre la République démocratique du Congo, pays dont je suis fier d’être fils, et le Rwanda, considéré par beaucoup comme un acteur central dans la crise sécuritaire de l’Est, marque un tournant diplomatique majeur.
Après trente années de conflits, de violences et d’instabilité, tout Congolais animé par le patriotisme ne peut qu’espérer que ce nouveau cadre ouvre enfin la voie vers une paix durable.
Je salue avec reconnaissance les efforts consentis par toutes les parties, en particulier par le Gouvernement congolais, qui continue de défendre les intérêts vitaux de la Nation dans un environnement régional complexe. Cet accord, qui fait suite à celui de Doha, représente une nouvelle tentative d’encadrer les engagements des parties prenantes et d’imposer un climat de désescalade.
Cependant, lors d’une question posée à la ministre des Affaires étrangères « Si le M23 continue d’avancer, qu’est-ce qui va se passer ? » la réponse donnée laisse planer des interrogations. Affirmer que « nous chercherons à savoir quel pays soutient le M23 et lui fournit la logistique » peut donner l’impression que l’on revient à des constats déjà largement documentés par divers rapports internationaux.
Cette posture prudente, bien que diplomatiquement cohérente, crée un décalage avec l’attente de la population : une démarche plus ferme, sécurisante, et directement liée à la protection du territoire national.
Si, malgré les engagements pris à Doha et maintenant à Washington, les hostilités se poursuivent, il devient impératif que les mécanismes de suivi et de vérification prévus par l’accord soient réellement activés, supervisés de manière indépendante et appliqués sans complaisance.
La crédibilité de tout accord dépend de sa mise en œuvre.
Si les violations se multiplient sans conséquences, l’accord ne produira aucun effet concret.
Il ne s’agit pas de promouvoir la confrontation, mais d’affirmer que tout processus de paix doit être accompagné de garanties sécuritaires réelles, d’un mécanisme de pression multilatéral, et d’une capacité de réaction conjointe en cas de non-respect des engagements.
C’est cette rigueur diplomatique, juridique et opérationnelle qui donnera un sens à l’accord de Washington.
Le peuple congolais aspire à une paix vraie, pas à une succession de textes sans effet.
Les partenaires régionaux et internationaux, y compris le Rwanda, doivent démontrer par des actes vérifiables leur volonté d’apaiser la région. Le Congo, de son côté, doit défendre avec constance et intelligence sa souveraineté, tout en restant engagé dans la voie diplomatique.
L’histoire récente nous montre que la paix ne s’obtient pas simplement par la signature d’accords, mais par la fermeté dans leur application, la transparence, et l’implication sincère de chaque partie.
✍️Graddy Oloko
Analyste politique
Expert en leadership responsable, transparence et Bonne Gouvernance
