KYONDO, territoire de Beni — Les cas de tracasseries attribués aux porteurs d’armes, notamment aux militaires des FARDC et à certains Wazalendo, ne cessent d’inquiéter la population locale. Depuis leur déploiement dans la commune de Kyondo et ses environs il y a environ cinq mois, les habitants dénoncent une insécurité devenue presque quotidienne.
Des vols récurrents et des abus nocturnes
D’après plusieurs témoignages recueillis sur place, les militaires agissent principalement entre 22h et 23h, parfois dès 20h. Ils sont accusés de ravir de l’argent, des téléphones et d’autres biens de valeur aux passants ou aux habitants.
Certains soldats, échappant au contrôle de leur hiérarchie, se cacheraient la nuit dans d’anciennes cabines de téléchargement musical, abandonnées depuis plusieurs mois.
Entre juillet et septembre, plus d’une centaine de téléphones auraient été arrachés aux usagers de la route Kyavinyonge-Kyondo–Butembo. D’autres militaires ont été surpris en flagrant délit de cambriolage dans plusieurs quartiers, notamment Sivirwa, Kyomole, Kaviranga et Kavanda. Ces actes d’incivisme ont été à maintes reprises dénoncés lors des parades civiles organisées par le comité local de sécurité.
Des animaux domestiques également visés
Même les animaux de compagnie n’ont pas été épargnés. En septembre, dans le quartier Kyomole, un militaire avait été pris en flagrant délit de vol de lapins. Il n’a échappé à la colère de la population que grâce à l’intervention des jeunes de la Véranda Mutsanga – section de Kyondo.
Une semaine plus tard, le même soldat a de nouveau été arrêté avec un lapin volé, qu’il tentait de vendre. Malgré les alertes répétées de la société civile, la situation persiste.
Braquages armés et impunité
Fin septembre, un autre militaire a braqué un shop de télécommunications dans le quartier Kaviranga. Poursuivi par les jeunes, il a tiré plusieurs coups de feu pour s’échapper. Face à la montée de ces abus, le bourgmestre de Kyondo a mis sur pied une commission spéciale chargée de présenter la situation au commandant du régiment local, lequel a promis de restaurer la discipline au sein des troupes.
Viol et meurtres dans les villages voisins
À Vuswagha, localité voisine de Kyondo, un sergent de première classe est accusé d’avoir tué une femme et blessé son bébé par balle. Une audience foraine avait été organisée par le commandement local, mais la garnison Butembo-Lubero s’était déclarée incompétente, promettant de transférer le dossier à Beni. À ce jour, aucune suite judiciaire n’a été donnée.
À Vurusi, deux autres civils ont été tués dans des circonstances similaires, le dernier cas remontant à la nuit du 5 au 6 octobre.
Des signaux d’espoir malgré tout
La société civile de Kyondo continue de documenter et dénoncer ces abus. Ses efforts auraient déjà permis quelques avancées, même si plusieurs dérapages demeurent.
La population appelle les autorités militaires et civiles à des actions concrètes pour mettre fin à cette insécurité persistante, et pour restaurer la confiance entre les forces de défense et les citoyens.
La Rédaction
