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Museveni met en garde : « Un futur conflit entre l’Ouganda et le Kenya est possible si l’accès à l’océan Indien est compromis »

by Zionnews
Les propos du président ougandais Yoweri Kaguta Museveni ont suscité de vives réactions dans la région. Dans une déclaration récente, le chef d’État a averti que de futurs conflits pourraient éclater entre l’Ouganda et le Kenya si l’accès de son pays à l’océan Indien, notamment via les ports kényans de Mombasa et de Lamu, venait à être bloqué ou considéré comme un privilège et non comme un droit.

Les propos du président ougandais Yoweri Kaguta Museveni ont suscité de vives réactions dans la région. Dans une déclaration récente, le chef d’État a averti que de futurs conflits pourraient éclater entre l’Ouganda et le Kenya si l’accès de son pays à l’océan Indien, notamment via les ports kényans de Mombasa et de Lamu, venait à être bloqué ou considéré comme un privilège et non comme un droit.

Cette mise en garde met en lumière les tensions géo-économiques latentes au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).

Un avertissement lourd de sens

Museveni a déclaré :

« Les guerres futures pourraient survenir si l’Ouganda n’a plus accès à l’océan Indien à travers le Kenya. Cet accès ne doit pas être traité comme une faveur, mais comme un droit. »

Cette déclaration traduit une inquiétude stratégique majeure pour Kampala. En tant que pays enclavé, l’Ouganda dépend fortement des infrastructures portuaires du Kenya pour ses importations et exportations. Les ports de Mombasa et de Lamu représentent la principale voie d’accès du pays au commerce international.

Une interdépendance économique sous tension

Depuis des décennies, l’Ouganda et le Kenya entretiennent des relations de bon voisinage, fondées sur le commerce, la mobilité et la coopération au sein de la CAE.
Cependant, ces relations ont souvent été entachées de désaccords commerciaux — notamment sur les taxes, le transit des produits pétroliers ou encore les barrières non tarifaires imposées aux produits ougandais.

L’avertissement de Museveni s’inscrit donc dans un contexte de frustration économique. Kampala accuse parfois Nairobi d’utiliser son avantage géographique pour exercer une influence excessive sur les échanges régionaux.

Une lecture géopolitique du discours

Sur le plan géopolitique, la déclaration de Museveni révèle un message stratégique : rappeler au Kenya que l’Ouganda, bien que dépendant de ses ports, ne souhaite pas être considéré comme un acteur subalterne dans la région.

Ce discours s’inscrit également dans la logique d’un Museveni qui, après près de quatre décennies au pouvoir, veut préserver l’image d’un leader nationaliste et panafricaniste, défenseur de la souveraineté régionale.

Pour certains analystes, cette déclaration sert à :

  • Mobiliser l’opinion nationale autour d’un sentiment patriotique ;

  • Faire pression diplomatique sur Nairobi pour garantir un accès plus stable et plus équitable aux infrastructures portuaires ;

  • Renforcer la position de l’Ouganda au sein de la CAE, en soulignant la nécessité d’une véritable intégration logistique régionale.

Les enjeux économiques et logistiques

L’accès de l’Ouganda à la mer est vital : près de 90 % de ses importations transitent par le port de Mombasa.
Toute entrave  qu’elle soit d’ordre politique, administratif ou logistique — pourrait avoir des répercussions économiques majeures, notamment sur le prix des carburants, des denrées alimentaires et des produits manufacturés.

Face à cette dépendance, Kampala tente depuis plusieurs années de diversifier ses corridors commerciaux, notamment à travers :

  • Le corridor central passant par la Tanzanie et le port de Dar es Salaam ;

  • Le projet de pipeline régional et de chemin de fer standard gauge (SGR) reliant Kampala à la côte est-africaine.

Risque de tensions diplomatiques ?

Bien que les propos de Museveni soient interprétés comme une alerte préventive plutôt qu’une menace directe, ils pourraient raviver des frictions diplomatiques entre les deux capitales.
Nairobi, de son côté, considère l’accès de l’Ouganda à ses ports comme un partenariat fondé sur des accords commerciaux mutuellement bénéfiques  et non un droit automatique.

Toutefois, une escalade verbale ou politique entre les deux pays pourrait fragiliser la coopération régionale et compromettre les ambitions d’intégration économique de la CAE.

Analyse : entre stratégie et pression politique

Les propos de Museveni traduisent à la fois une préoccupation légitime et une manœuvre politique calculée.

  • Légitime, car l’Ouganda, dépourvu d’accès maritime, reste vulnérable aux fluctuations des politiques portuaires kényanes.

  • Politique, car en évoquant le spectre d’une « guerre future », le président cherche à renforcer son poids dans les négociations économiques régionales et à rappeler au Kenya la nécessité d’un partenariat équilibré.

Pour les observateurs régionaux, cette déclaration souligne une réalité : la dépendance logistique peut devenir une arme géopolitique en Afrique de l’Est.

Les mots de Yoweri Museveni, bien que provocateurs, soulignent un enjeu fondamental : la question de l’accès équitable à la mer pour les États enclavés africains.
Plutôt qu’un appel à la confrontation, cette sortie devrait être interprétée comme une invitation à repenser la coopération régionale autour des infrastructures de transit, du commerce et de la souveraineté économique.

Tant que ces tensions ne seront pas traitées dans un cadre diplomatique constructif, la méfiance entre l’Ouganda et le Kenya risque de s’accentuer, menaçant la stabilité de toute la région est-africaine.

LA REDACTION

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