Dans une récente déclaration, le président rwandais Paul Kagame a affirmé ne pas comprendre la manière dont la situation humanitaire à Goma est décrite par une partie de la communauté internationale.
Selon lui, si des souffrances existent bel et bien, « il y en avait peut‑être davantage avant le déclenchement de la crise actuelle ». Pour Kagame, les discours alarmistes actuels servent surtout de « point d’entrée facile » pour façonner un récit politique orienté.
« On évite toujours les causes profondes »
Le chef de l’État rwandais estime qu’il est impossible d’aborder la crise humanitaire sans en analyser les racines. Selon lui, cette réticence provient du fait que l’examen des causes véritables « finirait par démasquer les responsables ».
Il accuse certains acteurs internationaux de manipuler la narration afin de protéger ceux qui, selon lui, sont impliqués dans la persistance du conflit.
Un problème récurrent : “Comment une crise revient-elle dix ans après ?”
Kagame rappelle que la même crise s’était déjà manifestée en 2012 et qu’elle refait surface dix ans plus tard.
Il s’interroge :
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Comment un problème qui a déjà mobilisé des moyens gigantesques peut-il réapparaître ?
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Pourquoi personne ne cherche-t-il à comprendre les mécanismes qui font durer ce conflit ?
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Comment expliquer l’échec, malgré « des milliards dépensés, des armées internationales mobilisées, et des milliers de vies perdues » ?
Pour lui, cette répétition est la preuve de l’hypocrisie de certaines puissances qui, tout en se présentant comme défenseurs des populations, seraient en réalité parties prenantes au problème.
« Ceux qui se disent émus par la souffrance ne sont que des hypocrites »
Très critique, Kagame estime que plusieurs acteurs internationaux affichent une compassion sélective :
« Ils se disent indignés par la souffrance des autres, mais ce ne sont que des hypocrites. »
Il accuse ces acteurs d’être davantage préoccupés par leurs intérêts stratégiques que par la stabilité réelle de la région.
Kagame se projette dans la logique du M23/AFC
Dans un passage particulièrement marquant, Kagame explique comment réagirait un membre du mouvement M23/AFC face aux exigences de retrait formulées par Kinshasa et ses partenaires :
« Si vous voulez Goma, Kavumu, Bukavu… alors réglez mes problèmes. »
Selon lui, les revendications du groupe armé s’inscrivent dans une dynamique de frustrations accumulées et non résolues.
« Si tu ne me donnes pas mon droit, nous allons nous battre »
Le président rwandais ajoute que l’absence de solutions équitables conduit inévitablement à la confrontation :
« Si tu ne me donnes pas mon droit, cela veut dire que nous allons nous battre. Nous nous battrons, sans aucun doute. »
Il dénonce un environnement où les enjeux politiques, diplomatiques et sécuritaires se superposent, laissant les populations civiles « humiliées » et abandonnées à leur sort.
Joshmishumbi
