La République Démocratique du Congo intensifie ses efforts diplomatiques au sein des Nations Unies pour faire reconnaître ce qu’elle qualifie désormais de génocide en cours contre les Congolais dans l’Est du pays.
Cette campagne vise à établir la responsabilité du Rwanda et de ses groupes armés alliés, notamment le M23, dans des crimes qualifiés de massifs, systématiques et ciblés contre des populations civiles congolaises.
Ce mardi, lors d’une déclaration à Genève, Samuel Mbemba Kabuya, ministre congolais des Droits humains, a dénoncé avec fermeté le silence international autour de ces violences récurrentes, qu’il qualifie de plus en plus ouvertement de génocidaires.
« On n’ose pas prononcer le mot génocide. Pourtant, ce qui se passe depuis des décennies dans l’Est de la RDC dépasse de simples violations des droits humains. C’est une entreprise d’extermination lente et méthodique », a-t-il affirmé devant une assemblée de diplomates et d’ONG.
La position congolaise se fonde sur des rapports d’experts des Nations Unies, de la société civile et des témoignages recueillis dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où des civils sont régulièrement massacrés, déplacés ou ciblés en raison de leur appartenance communautaire.
Le gouvernement congolais estime que ces crimes relèvent des éléments constitutifs d’un génocide au sens du droit international.
La réponse de Kigali ne s’est pas fait attendre. Ce mercredi, le ministre rwandais des Affaires étrangères a sèchement rejeté les accusations congolaises, qualifiant cette tentative de “proposition stupide”.
« Un génocide contre qui ? Des ethnies non tutsi ? Toutes ? Qu’on chercherait à détruire en tant que telles ? Vous comprenez à quel point cette proposition est absurde », a-t-il déclaré.
Cette joute verbale renforce les tensions déjà explosives entre les deux pays voisins, dans un contexte où les combats entre les FARDC et le M23 se poursuivent.
Pour Kinshasa, il ne s’agit plus seulement de défendre l’intégrité territoriale, mais de faire reconnaître la gravité historique des crimes commis contre ses populations.
La campagne congolaise à l’ONU pourrait ouvrir la voie à des enquêtes internationales indépendantes et raviver le débat sur les responsabilités du Rwanda dans les conflits à l’Est, en particulier depuis l’époque post-génocide de 1994.
Elle appelle également la communauté internationale à sortir de son silence face à un drame humanitaire longtemps ignoré.
Le gouvernement congolais affirme qu’il poursuivra sa quête de justice et de reconnaissance, non seulement pour les victimes actuelles, mais aussi pour les millions de Congolais tués, déplacés ou traumatisés depuis plus de deux décennies.
LA REDACTION