Kinshasa, 15 septembre 2025 La situation politico-sécuritaire à l’Est de la République Démocratique du Congo continue de soulever des inquiétudes profondes.
En réaction à la décision du gouvernement congolais d’annuler toutes les décisions judiciaires prises par les rebelles de l’AFC/M23, les responsables du mouvement, notamment le SEP adjoint Delio Kimbulumbu, ont tenté ce dimanche 14 septembre de justifier leur action, évoquant une volonté de « rebâtir l’État ».
Cette déclaration, qui semble s’inscrire dans une stratégie de légitimation progressive de la rébellion, révèle un projet dangereux : la mise en place d’un système judiciaire parallèle dans les zones sous occupation.
Or, aux yeux du droit international comme de la Constitution congolaise, tout pouvoir issu d’un groupe armé est illégal et illégitime.
Une manœuvre politique à peine voilée
Les propos de Delio Kimbulumbu s’inscrivent dans une logique de construction d’un État de facto, avec ses structures administratives, judiciaires et sécuritaires. Cela constitue un affront direct à la souveraineté de la RDC et une tentative de déstabilisation de l’ordre républicain.
La volonté affichée de juger, nommer ou sanctionner dans les zones contrôlées par l’AFC/M23 est perçue par Kinshasa comme un « projet de gouvernance par le crime », tel que dénoncé par le ministre de la Justice, Me Guillaume Ngefa.
Des magistrats recrutés sans cadre légal
Ce qui inquiète davantage les observateurs, c’est l’absence totale de clarté sur le statut des magistrats prétendument recrutés par la rébellion.
Un avocat basé à Goma, sous anonymat, dénonce : « La rébellion et ses alliés ne sont pas capables d’expliquer à l’opinion, ni aux magistrats naïfs qu’ils embarquent, sur quel fondement légal ces soi-disant nominations reposent. »
La rébellion tente de s’offrir une caution administrative et judiciaire, pour peser dans d’éventuelles négociations futures. Mais cette stratégie est vouée à l’échec si la communauté nationale et internationale refuse de reconnaître ces structures illégales.
Le gouvernement congolais, en annulant officiellement tous les actes posés par l’AFC/M23, envoie un signal clair : l’État ne négociera jamais sa souveraineté ni la légitimité de ses institutions.
Il est temps, pour les partenaires de la RDC, de soutenir fermement cette position, afin d’éviter la consolidation d’un pouvoir illégal dans les régions déjà martyrisées par les conflits armés.
LA RÉDACTION