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RDC – Pourquoi les jeunes congolais boudent-ils l’agriculture ? Enquête exclusive au cœur d’un paradoxe national

by Zionnews

 Alors que la République Démocratique du Congo dispose de près de 80 millions d’hectares de terres arables, dont moins de 10 % seulement sont exploités, une question brûlante traverse les esprits : pourquoi les jeunes congolais délaissent-ils l’agriculture ? Notre équipe de Zionnews est descendue sur le terrain, dans les rues de Goma, mais aussi dans quelques villages de Masisi, pour interroger directement la population.

Témoignages de jeunes : “L’agriculture, c’est pour les vieux”

Assis près du rond-point Instigo, Pascal, 22 ans, étudiant en commerce, nous confie sans détour :

> « L’agriculture, c’est trop fatigant et ça ne paie pas vite. Nous, les jeunes, nous voulons l’argent rapide, la moto, le petit business. Travailler la terre, c’est pour nos parents au village. »

Un avis partagé par Mireille, 19 ans, vendeuse de crédit téléphonique :

> « Si tu vas au champ, tu reviens fatiguée, les mains sales, et au marché, les clients marchandent ton manioc. Pendant ce temps, d’autres gagnent leur vie avec un téléphone et un compte TikTok. »

Ces paroles reflètent une mentalité répandue : beaucoup associent encore l’agriculture à la pauvreté, à l’arrière-pays, loin de la modernité et des rêves urbains.

Données clés

Selon un rapport du Programme National Agricole (2023), 70 % des jeunes congolais en milieu urbain aspirent davantage aux métiers du commerce, du transport ou du digital qu’aux activités agricoles. Pourtant, plus de 60 % de la population vit de l’agriculture de subsistance.

Pauvreté mentale ou problème structurel ?

Interrogé sur ce paradoxe, le professeur Jean-Bosco M., agronome à l’ULPGL, estime que le problème ne se limite pas à une « paresse mentale » des jeunes :

« Le vrai problème, c’est le manque d’infrastructures, de crédits agricoles, d’accès aux marchés. Comment motiver un jeune à cultiver s’il doit vendre sa récolte à perte à cause des routes impraticables ? »

Pourtant, dans certaines zones comme Bweremana et Minova, des coopératives agricoles commencent à attirer des jeunes grâce à des formations et des financements.

La voix des femmes dans les marchés

Au marché de Virunga, nous rencontrons Chantal, vendeuse de haricots :

> « Moi je ne fais que vendre, mais les jeunes producteurs me disent qu’ils n’ont pas de soutien. Si l’État les aidait avec des engrais ou des machines, peut-être qu’ils aimeraient ce métier. »

Sa voisine, Mama Jeanne, plus directe, soupire :

> « Les jeunes d’aujourd’hui veulent seulement “kushana” (profiter sans effort). Mais demain, quand il n’y aura plus rien à manger, ils comprendront que c’est la terre qui nourrit. »

Perspectives et espoir

Malgré ces résistances, certains projets pilotes émergent. L’association Tuinuwane RDC, en partenariat avec des ONG locales, propose des microcrédits agricoles aux jeunes. De plus, des start-up congolaises expérimentent l’agriculture numérique (cartographie des terres, vente en ligne des produits).

Ces initiatives montrent que si les jeunes sont accompagnés, formés et financés, l’agriculture peut redevenir un secteur attractif.

Conclusion

Notre enquête révèle un mélange de causes : pauvreté mentale, manque de vision, mais surtout absence d’accompagnement structurel. Tant que l’agriculture restera synonyme de sueur et de misère, les jeunes congolais la fuiront.

Mais si elle se modernise et se digitalise, elle pourrait devenir non seulement une solution contre le chômage, mais aussi un moteur de développement pour la RDC.

Pour Zionnews-tv.net / Jason Kabera

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