En République Démocratique du Congo, la scène politique ressemble de plus en plus à un marché sursaturé. Avec plus de 910 partis politiques officiellement recensés dont près de 278 enregistrés depuis 2006 auprès du ministère de l’Intérieur la multiplication des structures partisanes frôle l’extravagance.
Au lieu de renforcer la démocratie, cette profusion devient un frein à la consolidation d’un leadership crédible et structuré.
Une initiative prématurée dans un paysage politique dispersé
C’est dans ce contexte déjà congestionné que Célestin Sakanga Sakanga vient d’annoncer, en grande pompe à Kananga la naissance du Front de la Renaissance Panafricaine (FRP). Une initiative qui aurait pu être saluée si elle s’inscrivait dans une vision stratégique claire.
Malheureusement, le lancement de ce parti n’a suscité aucun écho national notable, ni médiatique ni politique.
On peut légitimement se demander si cette initiative ne relève pas davantage d’un enthousiasme individuel mal canalisé, plutôt que d’un véritable projet structuré. Face à l’échec de sa candidature au poste de gouverneur, Sakanga choisit de créer son propre véhicule politique.
Était-ce pour s’affirmer, ou par dépit ? Quoi qu’il en soit, créer un parti à partir d’une base locale restreinte essentiellement une seule communauté du Kasaï Central sans assise nationale, sans visibilité stratégique, ni appareil organisationnel robuste, peut être perçu comme un manque de maturité politique.
L’ambition d’une jeunesse politique en quête d’expression
Cependant, on ne peut ignorer que tout grand mouvement commence par un petit pas. Célestin Sakanga, en osant lancer le FRP, traduit aussi un besoin de renouvellement de la classe politique.
À l’image d’une jeunesse congolaise frustrée par les structures classiques, il tente de se faire une place, de porter une voix alternative, avec sa vision panafricaine.
Sa détermination à briguer la présidence en 2028 peut paraître ambitieuse, voire irréaliste, mais elle s’inscrit aussi dans cette dynamique de rupture voulue par une partie de la population.
À défaut d’un cadre politique qui lui offre de l’espace, il choisit d’en créer un, avec les moyens du bord.
Entre ambition légitime et nécessité de stratégie politique
Si l’ambition de Célestin Sakanga est légitime, elle *manque cruellement de stratégie et de fondement politique solide.
Dans un environnement politique aussi fragmenté, *s’affilier à une structure existante, y affiner son leadership, se former, nouer des alliances, aurait été plus bénéfique que de se lancer en solitaire.
Il est impératif que les acteurs politiques comprennent que la création d’un parti n’est pas un objectif, mais un moyen. À ce rythme, la RDC risque d’avoir plus de partis que d’écoles, affaiblissant ainsi la démocratie plutôt que de la renforcer.
Célestin Sakanga devra donc faire un choix : transformer le FRP en un projet national structuré et crédible, ou se repositionner intelligemment dans un cadre existant pour faire valoir ses idées.
L’histoire politique congolaise retiendra ceux qui auront bâti, pas ceux qui se sont égarés dans la surenchère des sigles.
NESTOR ILO
