Dans un contexte de conflit armé, la désinformation devient une arme redoutable. À Goma dans la province du nord-kivu, la guerre du M23 a été accompagnée d’une vague de fausses informations, amplifiant les tensions et semant la confusion parmi la population.
Elie Fils Kombi Siriwayo, étudiant en sciences de l’information et de la communication à l’Université des Martyrs du Congo de Goma, a consacré son mémoire à ce phénomène.
Selon lui, plusieurs facteurs expliquent la prolifération des fake news dans la région, notamment le manque de communication officielle, l’utilisation massive des réseaux sociaux, la manipulation par des groupes armés et les différentes parties en conflit.
Il souligne également que la population, souvent peu formée à la vérification des sources, est particulièrement vulnérable à ces manipulations.
« Dans cette étude, nous avons pu identifier les principaux déterminants de la prolifération des fake news ici à Goma pendant la guerre du M23. Premièrement, la fragilité institutionnelle et la faiblesse de la chaîne d’information fiable en zone de conflit.
Tous les médias ont fermé, laissant ainsi place aux réseaux sociaux. Pourtant, sur les réseaux sociaux, il n’y a pas de déontologie ni d’éthique journalistique.
Quand on est sur les réseaux sociaux, on publie des informations sans vérifier, sans sources ou sans authenticité », a-t-il déclaré.
Pour lui, la solution passe par une meilleure éducation aux médias, une communication plus proactive des autorités et un engagement collectif pour promouvoir la vérité. « Parmi les recommandations pour réduire la propagation des fake news, il faut renforcer la médiatisation responsable et la formation des journalistes locaux à la vérification.
Il y a aussi la campagne de sensibilisation pour améliorer la culture médiatique ainsi que critique auprès du public. Nous devons également mettre en place des mécanismes d’éveil et de lutte proactifs, notamment avec le recours aux technologies d’intelligence artificielle pour détecter et contrer les fausses informations », a-t-il conclu.
Lors de la prise de la ville de Goma par le mouvement rebelle M23 en janvier 2025, tout comme d’autres localités, de fausses rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux dans l’objectif de créer la panique parmi les habitants. Selon le chercheur, ces informations étaient propagées par les deux parties en conflit ou, parfois, par des journalistes corrompus.
Maua Grace
