Le jeudi 23 octobre 2025, l’USN a publié un communiqué par lequel son secrétariat permanent, dirigé par André Mbata Mangu, invite les députés nationaux membres de la plateforme désireux de briguer le poste de président de l’Assemblée nationale à déposer leurs dossiers ce vendredi 24 octobre à 11h00.
Les dossiers doivent comporter notamment une lettre de motivation, un curriculum vitae et deux photos passe-port.
Tous les dossiers déposés seront « transmis à Félix Tshisekedi, haute autorité politique de l’Union sacrée », pour décision finale.
Dans la revue de presse du 24 octobre, on note que des candidatures ont déjà été déposées, notamment celle de Aimé Boji Sangara (député de Walungu, Sud-Kivu) ainsi que de Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, vice-président de l’Assemblée nationale.
Analyse des enjeux
1. La logique de la sélection interne
La procédure mise en place par l’USN reflète un contrôle accru de la plateforme et de son leader (le président Tshisekedi) sur le bureau de l’Assemblée nationale.
En exigeant la transmission des dossiers à Félix Tshisekedi, l’USN s’assure que le candidat retenu est aligné avec la stratégie politique de la majorité. Cela permet de réduire les candidatures concurrencielles internes non désirées et de consolider la discipline de groupe.
2. Un signal de discipline mais aussi de compétition
D’un côté, l’invitation à déposer un dossier standardise le processus et renforce la transparence formelle : CV, lettre, photos, date limite. D’un autre, cela ouvre une compétition interne entre députés de l’USN ce qui peut générer des rivalités latentes.
Le fait que plusieurs noms circulent (Boji, Mboso, Mayo) indique que tout n’est pas clos par avance. L’USN doit donc concilier « sélection interne » et « choix de consensus ».
3. Le rôle de l’Assemblée nationale et du président de l’AN
Le poste de président de l’Assemblée nationale est stratégique politiquement : il permet de fixer l’ordre du jour parlementaire, d’influer sur le travail des commissions, de jouer un rôle dans la liaison entre l’exécutif et le législatif.
En contexte congolais, il s’agit aussi d’un levier de contrôle institutionnel et symbolique. Celui-qui occupe ce siège devient un allié clé du chef de l’État ou un réseau à maîtriser.
4. Le calendrier et le timing politique
La démarche se déroule dans un moment où la majorité veut sans doute consolider ses arrières parlementaires : rapprochant l’élection du président de l’AN, l’USN verrouille le processus. Le dépôt des candidatures le 24 octobre montre l’urgence politique ressentie. Ce timing peut être interprété comme une réponse à des tensions internes ou à des échéances législatives à venir.
5. Risques et défis
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Risque de fracture interne : Si le candidat choisi n’est pas celui d’une frange significative de l’USN, cela peut laisser des ressentiments, voire un blocage parlementaire ou une « opposition interne ».
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Crédibilité et équité : Le processus de transmission à un seul décideur, même s’il relève du parti majoritaire, peut être perçu comme peu ouvert ou manœuvrier. Cela pourrait alimenter des critiques de « sélection à la carte ».
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Visibilité hors majorité : Le parlement n’est pas uniquement un organe de la majorité ; la légitimité du président de l’AN dépend aussi d’un travail de rassemblement et d’une crédibilité institutionnelle que la majorité devra maintenir.
Implications
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Pour l’USN : Cette démarche renforce son contrôle sur la législature mais l’oblige à gérer soigneusement les rivalités internes.
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Pour la présidence de la République (Félix Tshisekedi) : C’est un moyen de garantir que le perchoir de l’AN soit occupé par une personne « fiable », préservant l’agenda de l’exécutif.
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Pour l’équilibre institutionnel : Il reste à voir si le futur président de l’AN saura s’imposer comme interlocuteur de l’opposition et pas seulement comme exécutant de la majorité.
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Pour le parlementarisme congolais : Ce type de sélection montre une structuration accrue des partis mais aussi un affaiblissement potentiel de la diversité des candidatures. Cela pose la question de la représentativité et de la dynamique interne au pouvoir législatif.
La convocation par l’USN de ses membres à déposer leurs candidatures pour la présidence de l’Assemblée nationale illustre parfaitement les dynamiques de pouvoir interne à la majorité présidentielle en RDC.
Elle marque un moment clé dans la recomposition politique institutionnelle : non seulement on choisit un président de l’AN, mais on choisit aussi l’orientation future du Parlement. Le processus, bien que formellement transparent, demeure fondamentalement politique.
Ce qui reste à suivre : quel candidat sera retenu ? Comment l’USN arbitrera-t-elle entre les ambitions concurrentes (Boji, Mboso, Mayo…) ? Et, une fois élu, dans quelle mesure le président de l’AN saura-t-il se positionner en tant que chef de l’institution et non simple relais de l’exécutif ?
LA REDACTION
