La situation actuelle du taux de change à Kinshasa reflète une instabilité économique palpable et une fragmentation notable du marché des devises.
Ce 30 septembre 2025, les écarts entre les taux de change pratiqués par les différents acteurs économiques montrent à quel point l’environnement monétaire est désorganisé.
Des écarts flagrants entre les taux
Sur le marché informel, les cambistes affichent des taux très variables selon la localisation :
– Cambiste Gombe et Airtel : 1= 2600 FC
– Cambistes Tshangu et UPN : autour de 2450 FC
– Cambiste Victoire : 1 = 2450 FC
– Canal+ : offre l’un des taux les plus élevés, à 2750 FC.
Ce déséquilibre traduit un manque de régulation et d’uniformité dans le système de change. Il met en difficulté les citoyens, commerçants et entreprises, qui doivent jongler entre plusieurs valeurs du dollar selon le lieu ou l’opérateur.
Les banques : une incertitude permanente
Le secteur bancaire n’offre pas plus de stabilité. Le taux y est décrit comme dépendant de « l’humeur du gérant », ce qui reflète un manque de transparence et de prévisibilité. Cela décourage l’utilisation des banques pour les opérations de change, poussant de nombreux Congolais vers les cambistes de rue.
Les opérateurs télécoms : acteurs monétaires à part entière
Les grandes entreprises de télécommunication comme Vodacom (2540 FC), Orange (2545 FC) ou Airtel (2600 FC) se positionnent comme des acteurs économiques clés dans la gestion de la monnaie électronique. Leurs taux, bien que relativement stables, restent inférieurs à ceux du marché informel de Gombe, mais supérieurs à ceux de Tshangu.
Pourquoi ces écarts ?
Les raisons sont multiples :
– L’absence d’un taux de référence unique et stable.
– La dévaluation continue du franc congolais face au dollar.
– La spéculation des cambistes dans des zones où la demande est forte.
– L’insuffisance de la régulation de la Banque Centrale du Congo sur le terrain.
Conséquences sur l’économie locale
Cette variation du taux de change impacte directement :
– Le pouvoir d’achat des ménages, qui voient les prix fluctuer selon le taux appliqué.
-Les importateurs, qui subissent l’instabilité des devises pour fixer leurs marges.
– La confiance dans le système financier, affaiblie par l’incertitude quotidienne.
Le marché du taux de change à Kinshasa est devenu un véritable champ de bataille économique où chacun applique sa propre règle. Tant que l’État, via la Banque Centrale, ne mettra pas en place une stratégie cohérente, transparente et respectée pour encadrer le taux de change, cette anarchie persistante continuera d’affaiblir l’économie congolaise.
Il est urgent d’instaurer un taux directeur visible et contrôlé, tout en renforçant la surveillance des pratiques de change dans tous les secteurs, formels comme informels.
LA REDACTION
