À Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central, une crise sociale majeure gagne du terrain dans l’ombre du silence collectif.
Selon des sources locales croisées avec plusieurs structures de la société civile, plus de 75 % des filles mineures sont touchées par des grossesses précoces souvent dans des conditions troublantes, marquées par l’abandon, la stigmatisation et l’impunité.
Ces adolescentes, pour la plupart âgées entre 13 et 17 ans, tombent enceintes hors mariage, dans des contextes de précarité extrême.
Beaucoup d’entre elles sont issues de milieux défavorisés, abandonnées à elles-mêmes ou attirées par des promesses d’aide matérielle, d’amour ou de soutien scolaire.
Une fois enceintes, les auteurs souvent des adultes disparaissent dans la nature, échappant à toute forme de responsabilité.
Le phénomène inquiète les acteurs sociaux, qui dénoncent une absence criante de suivi judiciaire, de mécanismes de prévention, mais surtout de soutien psychologique et matériel à ces jeunes mères livrées à elles-mêmes. « Ce n’est plus un cas isolé.
C’est devenu une norme sociale qui détruit l’avenir de milliers de filles », déplore un membre d’une ONG locale de protection de l’enfance.
Dans les écoles, l’abandon scolaire de ces jeunes filles est presque systématique. Sur le plan sanitaire, la situation est alarmante : accouchements à haut risque, absence de soins prénatals, rejet familial, sans oublier le traumatisme émotionnel que cela engendre.
Face à cette réalité, la société civile appelle à une synergie d’action entre autorités locales, services de santé, éducation et justice, pour freiner cette hémorragie sociale.
Un renforcement des lois contre les abus sexuels sur mineures, une éducation sexuelle adaptée et la responsabilisation des auteurs sont autant de pistes évoquées pour inverser la tendance.
Un appel est également lancé aux parents, leaders religieux et coutumiers, pour jouer un rôle actif dans l’éducation, la sensibilisation et la protection des adolescentes.
Si rien n’est fait, avertissent les observateurs, le tissu social et éducatif de la jeunesse kanangaise risque de s’effondrer davantage, compromettant toute vision de développement durable dans la région.
Nestor ilo
